• L'islam et les femmes

    Dr. Younus Shaikh

    Le docteur Younus Shaikh, rationaliste Pakistanais et fondateur des "Lumières", organisation rationaliste du Pakistan, et qui y fut condamné à mort pour blasphème, écrit sur l'Islam et les femmes.

    Dr. Younus Shaikh
    Dr. Younus Shaikh

    Avant l'avènement de l'Islam, les femmes arabes païennes bénéficiaient d'un statut respectable dans la société. Nombre d'entre elles, notamment Khadija, la première femme du prophète de l'Islam, avaient le droit de faire des affaires et de choisir et répudier leurs maris de façon matrilinéaire. Elles prenaient part à la plupart des activités guerrières et pacifiques, notamment le culte public. Dans le paganisme arabe d'orientation féminine, les déesses avaient un statut spécial. A la Mecque, la déesse Al-Uzza, à Taif la déesse Al-Lat et à Médine la déesse Manat étaient les divinités les plus populaires, et leurs statues étaient les plus vénérées, tandis que la statue du sévère Allah était presque négligée.

    La poésie arabe païenne se souciait surtout de la beauté et de la grâce de leurs femmes, et de la gloire de leurs valeurs tribales dans la paix et dans la guerre. Et ce n'était que dans une tribu prédatrice de la Mecque qu'avait cours la cruelle coutume d'enterrer les filles vivantes. Il était très inhabituel pour un homme de la société arabe préislamique d'avoir plus d'une femme dans sa maison ; et il est presque certain que la polygamie fut introduite et encouragée par le prophète après la révélation de l'Islam. Les femmes devaient produire le plus possible de petits musulmans. Cela finit par résulter en la dégradation du statut de la femme mariée dans la société islamique. Alors que la coutume arabe préislamique permettait de nombreuses formes moins rigides de mariage selon la tradition matrilinéaire et matrilocale, ce qui donnait aux femmes liberté et indépendance en tant qu'êtres humains à part entière, les règles artificielles du nikah islamique réduisirent le mariage à un simple esclavage sexuel et social.

    Le prophète de l'Islam, avant sa période prophétique, s'était opposé à l'enterrement des filles nouvelles-nées vivantes ; il était désireux de travailler pour une femme et content d'épouser une femme divorcée. L'Islam primitif a perpétué la plupart des traditions tribales préislamiques ; il n'y avait pas de hijabs ni de voiles pour les femmes de Médine ; et plus tard seules les neuf femmes du prophète avaient vu leurs relations sociales restreintes car leur maison étaient constamment remplie de visiteurs. Pourtant, les esclaves sexuelles du prophètes ne connaissaient pas de telles restrictions.

    En fait, le voile semi-transparent couvrant la moitié de la face (hijab) était une très ancienne coutume trouvant son origine dans les temps assyriens, un symbole de statut et une marque de distinction sociale pour les femmes libres. Les femmes arabes païennes préislamiques des villes portaient souvent cet élégant voile semi-transparent, mais ce n'était jamais le cas des femmes tribales.

    Plus tard, l'Islam ajouta des consignes pour "la préservation de la pudeur des femmes" - telles que baisser le regard en public, cacher les seins et les bijoux etc. Pourtant, ces restrictions furent plus tard étendues par les disciples du prophète, bien au-delà des intentions originelles exprimées dans le Coran, et demeurèrent par la suite une caractéristique plus ou moins permanente de la vie musulmane.

    Pourtant, par la suite, le sentiment d'insécurité de l'Islam primitif a fait graduellement augmenter l'exclusion des femmes, et 100 ans plus tard sous le règne du calife abbasside Haroun ur Rashid, les femmes étaient devenues de simples objets sexuels et des machines à procréer. En tant que femmes mariées, elles étaient simplement des domestiques - de simples appendices sociaux de l'homme. De plus, en tant qu'esclaves sexuelles, les femmes étaient librement achetées et vendues sur des marchés publics et prêtées, louées ou offertes en cadeaux à des amis. Le prophète lui-même avait accordé des esclaves sexuelles à ses favoris. Il n'y avait pas de limite au nombre d'esclaves qu'un homme pouvait posséder ; par exemple, l'un des compagnons du prophète nommé Hazrat Zubair Ibn ul Arvan avait 1000 esclaves hommes et 1000 femmes esclaves sexuelles. L'Islam considérait la femme comme le champ labouré par l'homme où il répandait sa semence.

    Le prophète lui-même a prit part ou a dirigé environ 100 guerres, raids ou attaques pour s'emparer de butins. Après lui, ses disciples ont continué l'offensive. Les farouches bédouins tribaux islamisés, avec des siècles d'expérience de luttes tribales cruelles et sans merci, se révélèrent d'excellentes troupes de choc pour l'Islam. Après l'Irak, la Syrie tomba devant l'empire islamique en l'an 634. Malgré les redditions, de grands massacres ont eu lieu à de nombreux endroits ; des milliers d'hommes furent massacrés et les femmes et les enfants vendus en esclavage. Des monastères furent pillés, les moines et villageois massacrés et les religieuses violées. Après la conquête de l'Egypte, beaucoup de ses villes furent passées par le fil de l'épée et toute leur population anéantie. De grands massacres eurent également lieu à Chypre et en Afrique du Nord. La province romaine de l'Irak, la province syrienne de l'Iran, et l'Iran conquis ont apporté des centaines de milliers d'hommes esclaves et d'esclaves sexuelles. C'étaient les vastes terres fertiles de ce que furent des pays puissants et civilisés où les femmes étaient tenues en haute estime, par exemple l'Irak manichéen, l'Egypte pharaonique et les civilisations nord-africaines.

    Comme elles l'ont fait en Egypte et en Irak, partout où les armées bédouines islamiques sont allées, elles ont détruit la culture des civilisations locales, imposé leur vision islamique médiévale et tribale en assassinant sans merci les hommes et en dégradant les femmes dans un esclavage sexuel perpétuel. En bref, les bédouins tribaux et barbares islamiques ont traité les civilisations avoisinantes de la même façon que les barbares Romains ont traité les Grecs anciens hautement civilisés. Pendant ce temps-là, les bédouins islamiques ont continué de piller et d'enlever les femmes européennes pour les marchés aux esclaves islamiques pendant tous ces siècles islamiques. La conquête de la Syrie a entraîné la conversion de milliers de prêtres chrétiens à l'Islam, lesquels ont changé de religion mais pas de profession : ils sont devenus de sévères mollah islamiques anti-féminins et ils ont non seulement continué à pratiquer leurs rituels et magie religieux mais ont également perpétué sous l'Islam une vision médiévale essentiellement chrétienne.

    En résumé, de par ces conquêtes, destructions et instauration du médiévalisme tribal islamique, les sociétés soumises à l'empire islamique allèrent plus loin que toutes les autres dans leur exclusion totale des femmes du pouvoir politique et de l'influence sociale. La législation islamique est allée bien au-delà de tout ce que le prophète avait rêvé à l'origine dans sa religiosité tribale en volant aux femmes leur place légitime dans la société et leur droit à l'héritage. Alors qu'à l'origine le Coran accordait aux femmes le droit à l'héritage, les mollahs islamiques ont inventé l'institution légale du Waqf - la base religieuse de l'exclusion des filles et de leurs descendants de l'héritage. Bien que le Coran accorde aux femmes le droit à l'héritage, elles continuent à être des mineures ; elles ne sont généralement pas éduquées et ont besoin d'un gardien dans la personne de leur père, de leur mari ou de leur fils. Le statut de la femme en Islam est théoriquement porté aux nues, mais est en pratique totalement déplorable.

    Le nombre croissant de harems (lieu de résidence des esclaves sexuelles), finalement devenu une institution sous le calife Al-Walid II, a mis en lumière la dégradation inévitable de la condition féminine sous l'Islam. Haroun ur Rashid, le calife (dirigeant), avait 2000 femmes esclaves sexuelles, le calife Mutwakkal avait 4000 femmes esclaves sexuelles ; et chaque mollah, officier ou soldat de l'état islamique avait plusieurs hommes esclaves et femmes esclaves sexuelles appartenant à la civilisation conquise. Comme elles n'étaient pas autorisées à s'instruire, acquérir de l'expérience ou penser par elles-mêmes, il n'est pas étonnant qu'il n'y ait que très peu de femmes exceptionnelles en 1400 ans d'histoire islamique; et celles qui par chance ou par la force des anciennes coutumes préislamiques sont sorties du rang, ou ont fréquenté les allées du pouvoir, ont été tôt ou tard éliminées sur les ordres de quelque pieux mollah islamique. De fait, l'anti-féminisme violent de l'Islam a été aussi néfaste que les bûchers du Christianisme qui ont tué des centaines de milliers de femmes en Europe aux 15ème, 16ème et 17ème siècles. Les instruments de la haine contre les femmes de l'empire islamique, les mollahs et les califes, ont continué à encourager la dégradation des femmes sous le rigide et sordide code légal islamique de la Charia, le dernier sceau de la sujétion complète de l'élément féminin. L'histoire moderne de l'Islam est simplement une perpétuation du médiévalisme tribal islamique, seules la technologie, la phraséologie et la façade sont modernes.

    II

    Le sous continent indien a souffert de l'humiliation et de la destruction sous l'islam de la même manière que l'Afrique. Le général Mohammad Bin Qasim a décimé de grandes civilisations bouddhistes et hindoues. Agissant sous les ordres d'un représentant du Calife islamique, le gouverneur Hijaj Bin Yousaf (qui était un ennemi mortel de la famille de Hazrat Ali et Hazrat Hussein dont quelques membres avaient pris refuge auprès du monarque bouddhiste Raja Dahir dans la région de Sindh), Mohammad Bin Qasim a conquis le royaume en 712. Ses pillards ont détruit des temples, fracassé des statues, pillé des palais et tué des milliers de personnes. Son armée islamique a mis trois jours pour massacrer les habitants de Debal et les femmes et les enfants ont été réduits à l'esclavage. Ensuite, il a gracié beaucoup de prisonniers et a essayé d'établir un système juste ce qui a enragé le gouverneur très musulman et meurtrier Hijaj Bin Yousaf; Qasim retourna donc à la barbarie islamique et massacra entre 6 et 16 milliers de personnes à Brahiminabad, les femmes et les enfants ayant été envoyés en Arabie sur les marchés d'esclaves.

    Ceci fut le début de la destruction de l'ancienne civilisation indienne et le commencement de l'islam moyenâgeux et obscurantiste en Inde. Le 11e siècle fut le témoin d'un autre meurtrier et pillard musulman, le sultan Mahmud Ghaznavi, un agent du Calife musulman, qui ruina complètement la grande civilisation indienne et pilla la plupart de ses richesses. Cinquante mille hindous ont été massacrés dans une de ses attaques à Somnath; il a envahi l'Inde plus de 17 fois. Des milliers d'hindous, hommes et femmes, ont été envoyés sur les marchés d'esclaves dans l'Afghanistan musulman. Les filles très éduquées et cultivées de la noblesse hindoue ont été vendues aux afghans illettrés, incultes et barbares pour l'équivalent d'un dollar chacune. Alors que chaque musulman afghan avait quatre femmes, il restait encore des femmes de telle façon que les infâmes mollah ont répondu avec une traduction ingénieuse du Coran qui déclarait qu'Allah permettait à chaque musulman d'avoir jusqu'à 18 femmes avec un nombre illimité de concubines. Ensuite ce sont les nouveaux instruments de l'armée du calife qui sont arrivés, les Turcs et les Moghols; ils ont décimé Delhi et ont transformé l'Inde tout entière en un gigantesque camp d'esclaves. Le sultan Firoze Shah Tughlaq, un turc musulman, avait 100 000 hommes esclaves et des milliers de femmes esclaves sexuelles dans son harem; le pieux empereur moghol musulman Shahjehan avait 15 000 femmes esclaves sexuels et concubines pour son harem personnel. En vérité, les envahisseurs et souverains turcs ont fait la même chose en Inde qu'en Arménie, l'ensemble des peuples ont été exterminés (cependant il faut reconnaître les mérites de l'empereur moghol, agnostique et laïque d'esprit, Akbar le Grand qui refusa le titre de Roi des musulmans et préféra être appelé "l'ombre de Dieu" car son Dieu, comme il l'affirmait en accord avec la mentalité et le langage de l'époque, est la divinité et le protecteur de tous les hindous, musulmans et autres êtres humains et créatures similaires. Il a abandonné sa foi dans l'islam et a exercé son génie dans la création d'une religion pluraliste comprenant des traditions des religions et idéologies principales de l'Inde. Il a même invité les Jésuites de Goa à ses discussions sur les idéologies dans son palais mais n'a pas pu gober leur mythe enfantin de Jésus fils de Dieu).

    L'empire islamique médiéval du califat turc d'Osman disparut après la défaite de l'Axe lors de la première guerre mondiale avec l'arrivée du héros laïque Moustafa Kemal Pasha. Cependant, il s'est vite métamorphosé dans l'empire spirituel d'Arabie Saoudite. Il faut noter que pendant que le très chrétien empire britannique nécessitait des armées en activité pour contrôler ses colonies, la théocratie saoudienne reposait sur les armées des mollahs et imams qui officiaient dans les mosquées pour contrôler les esprits, un contrôle social, culturel et spirituel. Il est vrai que l'islam a démantelé les anciennes tribus arabes ainsi que certains de ses tabous et traditions; cependant il a créé une nouvelle tribu au nom de l'islam avec son prophète comme chef entouré de sa famille et de sa tribu - les Hashmis et les Quresh acquérant un statut élevé et sacré-, c'est-à-dire le remplacement de l'ancienne tribu médiévale par une nouvelle qui était théocratique. Mais les anciens rites païens ont perduré ainsi que les tabous et les traditions. Les liens tribaux du sang ont été remplacés par des alliances religieuses. Au niveau intellectuel, l'islam est simplement la continuation de la Jahiliya (ignorance) parée des habits de l'islam : la Jahilia islamique (l'ignorance musulmane médiévale). L'islam moderne est, en vérité, une simple continuation de l'ignorance médiévale des tribus et de leur arriération mentale.

    Depuis la découverte du pétrole saoudien, les pétrodollars ont commencé à soutenir les mouvements extrémistes musulmans dans le monde entier et continuent à le faire. Les pétrodollars saoudiens ont créé des milliers de centres islamiques pour assurer un contrôle social et politique ainsi que pour une propagande mondiale; dans les dernières années 1000 mosquées ont été construites aux USA. Le lavage de cerveau par l'islam et la propagande politique continuent dans ces mosquées et madrassas, les écoles religieuses, de même que dans les journaux, magazines, radios et télévisions musulmans. Tous les types d'actions terroristes et de fondamentalisme proviennent de l'Arabie Saoudite, le centre du Mal et épicentre de l'islamisme. Pour les saoudiens, la soumission à Allah est une obligation pour tous les êtres humains. Ceux qui refusent leur soumission à Allah ou dont la vision de l'islam diffère de celle des saoudiens sont appelés le Parti de Satan et doivent être éliminés par les saoudiens ou leurs acolytes ayant subi un lavage de cerveau appelés le Parti d'Allah. L'Arabie Saoudite est en fait le pire exemple de l'islam moyenâgeux et de son arriération mentale et sociale. L'esclavage a été légal en Arabie Saoudite jusque dans les années 1960. Néanmoins, il continue sous un nouveau nom : les domestiques femmes étrangères qui sont la propriété privée des bédouins barbares. Les pétrodollars saoudiens continuent à soutenir les mollahs extrémistes et fondamentalistes et à conduire les Etats islamiques dans la barbarie de la Sharia; les saoudiens continuent de répandre le terrorisme des mollahs ainsi que le totalitarisme théocratique dans le monde entier.

    L'Iran, une colonie spirituelle musulmane, est le parrain du terrorisme chiite (les sunnites saoudiens sont une secte musulmane comme les catholiques, les chiites sont comme les protestants). Ce gouvernement à la solde d'Allah en Iran est actuellement le gouvernement le plus dangereux. Torture, meurtre et absolutisme musulmans, une combinaison islamique du nazisme d'Hitler, du communisme de Staline et du fascime de Mussolini. Il y a eu 5195 exécutions politiques et religieuses dans la seule année 1983 ! Il y a quelques années une loi est passée au Parlement iranien disant qu'en accord avec la tradition du prophète le mariage est autorisé avec des filles de 9 ans ! Les droits humains ne sont pas acceptés en Iran où, selon la radio anglophone Radio Iran, l'esprit de l'imam Khomeni plane pour toujours au-dessus du pays. Des femmes ont été pendues sur la suspicion de délits sexuels. Des femmes vierges ont même été envoyées à la potence mais elles l'ont été après avoir été violées car l'islam iranien n'autorise pas la pendaison des vierges. L'Iran a utilisé son argent issu du pétrole dans l'intérêt des révolutions islamiques observées dans le monde entier et continue à le faire.

    L'Algérie est connue pour sa guerre civile et ses horreurs islamiques. L'absolutisme et le totalitarisme musulmans ont été imposés par les armes et les meurtres dans l'intérêt de l'islam. Dans un pays musulman les hommes sont habituellement tués au nom de leurs délits politico-religieux alors que les femmes sont tuées pour le simple délit d'être des femmes. Des milliers de femmes ont été violées et plus de 500 ont été tuées dans la seule année 1993. Des femmes ont été tuées pour ne pas avoir porté le voile ou pour avoir refusé de le porter quand c'était imposé, pour avoir refusé de contracter un mariage à l'iranienne, pour avoir refusé de se marier avec des hommes étrangers, et pour travailler ou vivre seule. L'âge des victimes allait de 9 à 69 ans. Les femmes sont souvent violées et torturées avant d'être tuées. Des milliers se sont trouvées emprisonnées dans des camps islamiques sans raison légitime. Il faut remarquer que les femmes avaient un statut respectable avant la conquête de l'Algérie par l'islam.

    Les Egyptiens, héritiers des grandes civilisations pharaoniques et alexandrines, ont continué à souffrir sous ce mal chronique qu'est l'Islam. Connue pour les épreuves du hijab et de la mutilation génitale des femmes, l'Egypte est également un centre de prostitution enfantine pour les riches bédouins saoudiens islamiques. En Egypte, quatre femmes sur cinq doivent porter une sorte de hijab. La mutilation sexuelle des femmes est chose très courante ; jusqu'à 73% au Caire et 95% dans les zones rurales. En 1995, un shaikh (dignitaire religieux) de l'université d'Al-Azhar au Caire a émis une fatwa (un décret religieux) qui, paraît-il, présente la procédure de mutilation génitale féminine comme une "pratique louable qui honore les femmes" et déclare qu'il s'agit d'un devoir religieux aussi important que de prier Allah.

    Le Soudan a une longue histoire de conquête islamique et de répression. Le totalitarisme et la barbarie islamiques se poursuivent de nos jours. Récemment, le Soudan a subi la brutalité du fascisme islamique du général Numeri, soutenu par l'Arabie Saoudite. En 1992 un décret religieux (fatwa) fut émis, lequel justifiait l'assaut militaire contre les non-musulmans. La barbarie et le génocide islamiques continuent de nos jours au Darfour.

    L'armée de l'Indonésie islamique a assassiné en masse 200 000 personnes non-musulmanes au Timor Oriental avant que celui-ci ne devienne indépendant. Le pays est connu pour son extrême religiosité, la corruption, des problèmes ethno-religieux et l'extrémisme islamique.

    Le Pakistan, un laboratoire expérimental de l'Islam, s'est transformé en horreur. Malgré les centaines de milliers de viols, enlèvements et meurtres commis sous les yeux attentifs de la très chrétienne administration du Saint Empire Romain Britannique lors de la division religieuse du sous-continent indien en 1947, alors qu'un demi million de personnes ont été contraintes d'émigrer, le Pakistan n'a jamais fait de progrès sensible vers la civilisation. Le Pakistan est une plaque tournante du fondamentalisme islamique, de l'extrémisme et du terrorisme. La très islamique armée du Pakistan a envahi sa province du Pakistan Oriental en 1971, tuant des centaines de milliers de musulmans et non-musulmans bengalais et violant un demi million de femmes âgées de 9 à 69 ans, dans une tentative de créer une race métisse pakistano-bengalaise qui serait loyale à l'islam et au Pakistan. En 1974 l'armée du Pakistan a envahi sa province du Balûchistân, causant des calamités similaires. En 1980 le général islamiste Zia ul Haq a introduit de nouvelles mesures d'islamisation sous la pression saoudienne, en introduisant la médiévale et tribale Shariah islamique. Accompagnée de prières publiques obligatoires, il y avait des lois islamiques brutales couvrant des actes sexuels très naturels et le blasphème présumé : la répressive Ordonnance Hudood et les tristement célèbres lois sur le blasphème. Des milliers de femmes innocentes continuent à souffrir du fait de ces lois, et d'autres lois islamiques fascistes, pour de simples allégations. Des femmes violées ont été envoyées à la potence pour le crime d'avoir été violées (La Charria islamique est le seul système de lois qui punisse les victimes). L'état du Pakistan s'est montré un instrument sinistre et complaisant du fascisme et du terrorisme des maléfiques mollahs islamiques. Le Pakistan a créé les détestés Talibans Afghans et bien d'autres organisations de même type en Afghanistan. Des organisations similaires continuent de prospérer au Pakistan et essayent de créer un état islamique totalitaire et fasciste. Malgré les rodomontades sur un supposé combat contre le terrorisme islamique, le mal continue à prospérer. Le Pakistan est sans aucun doute une source d'approvisionnement majeure pour le terrorisme irakien. Le trafic de drogue illicite persiste avec la bénédiction des mollahs islamiques et du ISI (le service de renseignement militaire islamique). Il y a des centres de prostitution dans chaque cité islamique du Pakistan où des femmes kidnappées et non-musulmanes sont contraintes de souffrir. Les intellectuels laïques, libéraux et rationalistes continuent à souffrir au Pakistan de la même façon que les victimes de la tristement célèbre inquisition chrétienne de l'Europe médiévale. Alors que les églises chrétiennes brûlaient les hérétiques, les mollahs islamiques les font inculper pour blasphème.

    La vigilance éternelle est le prix de la civilisation.

    III

    Alors que le fondamentalisme, la superstition, l'ignorance, l'absence des droits humains, les mutilations sexuelles féminines, la séquestration forcée des femmes dans leurs maisons et leurs hijabs, l'extrémisme religieux, le fondamentalisme, les attentats suicides et le terrorisme islamique continuent d'être les signes distinctifs des états islamiques et des sociétés sous l'influence de l'empire islamique spirituel saoudien ou de la zone d'influence chiite de l'Iran et de ses pétrodollars chiites, il est grand temps pour le monde civilisé de s'éveiller de son engourdissement multiculturaliste et de sa tolérance aveugle pour l'intolérance organisée car la maladie s'y répand dès à présent.

    Nombre d'actions des Etats, sociétés, organisations et individus islamiques sont barbares et médiévales ; la décapitation d'otages innocents, les peines de mort et meurtres pour raisons religieuses, le tranchage des mains et des pieds, la mort par lapidation des femmes parce qu'elles ont été violées ou qu'on les accuse d'avoir eu des relations sexuelles naturelles, le meurtre "d'honneur" sur simple suspicion, les attentats suicides à l'explosif et autres actes de terrorisme, tout cela témoigne d'une maladie profondément ancrée. Le meurtre au nom d'un Allah miséricordieux n'est qu'une hypocrisie.

    La montée de l'extrémisme islamique est un danger pour la civilisation partout dans le monde. Tous les extrémistes musulmans sont des terroristes potentiels et des soldats d'Allah. Il ne devrait y avoir aucune tolérance pour cette intolérance religieusement organisée contre la liberté, les droits humains, l'égalité entre l'homme et la femme, ainsi que toute autre manifestation de notre civilisation. Dans les sociétés civilisées et démocratiques, les musulmans devraient être obligés de prêter un serment de loyauté à l'état et à la démocratie. Accorder le droit de vote à ceux dont les loyautés politiques se situent dans quelque désert lointain est non seulement nuisible mais également suicidaire pour l'idéologie et le système de la démocratie. Le droit de vote pour ceux qui souhaitent détruire le système même de la démocratie ? Mesdames et messieurs, pensez-y à deux fois.

    Il n'y a aucune raison d'être optimiste quant à un islam libéral. Presque tous les états islamiques n'ont pas vu la nécessité d'accorder des droits humains de base à leur population, leurs femmes et leurs minorités. L'Arabie Saoudite et les Emirats sont les pires ; ce sont les parrains financiers du fondamentalisme, de l'extrémisme et de l'archaïsme islamiques partout dans le monde. Presque chaque pays islamique est dangereux, non seulement pour lui-même, mais également pour le monde dans son entier. Le Pakistan, par exemple, a continué à proposer de dangereuses technologies nucléaires après avoir fourni ces secrets à l'Iran et à la Corée ; le Vietnam et le Brésil sont ses nouveaux clients. Le terroriste nucléaire Dr. Abdul Qadir Kahn est en sûreté, bien protégé et équipé par l'Etat du Pakistan, en toute impunité bien sûr.

    O vous peuples civilisés ! Hier vous refusiez de reconnaître les dangers inhérents à la montée des idéologies du christianisme, du nazisme et du communisme. Hier, vous apportiez votre soutien aux Talibans islamiques, alors même qu'ils foulaient aux pieds les droits de leurs femmes. Votre refus d'affronter l'Islam militant d'aujourd'hui pourrait nous coûter plus cher que nos vies individuelles : notre réalisation qui nous est chère, notre civilisation. Les croyances ont des conséquences ; le fait que l'Islam soit au centre de l'arriération sociale, mentale, intellectuelle et culturelle ; des brimades organisées contre les femmes et les minorités ; du fondamentalisme, de l'extrémisme et du terrorisme moderne ; cela est impossible à nier. "Religions de paix et de tolérance" ne sont que des mots vides.

    L'Islam est un crime organisé contre l'humanité !


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  • Ce sont des sionistes et des coptes trinitaires qui disent que le bon mahométan après sa mort n'aura droit qu'à 72 houris, en réalité, si j'ose dire, le nombre des houris se compte par milliers ainsi que le nombre de ghilmans, quand aux mahométanes qui entreront au Paradis d'Allah, elles intégreront le cheptel houriesque de leur dernier mari sur cette terre, elles auront l'$age de 33 ans et auront la propriété houriesque de redevenir vierges après chaque conjonction.

    Quand aux mahométanes qui n'ont jamais été mariées, elles choisiront elles mêmes à quel harem elles appartiendront.

    Une exception pour Marie, mère de Jésus, qui sera mariée à Mahomet par Allah lui même.

    La noce durera mille ans et on fera une orgie de viande de chameaux.

        Le Jardin d'Allah, c'est plus ce que c'était.



        A vrai dire, l'effectif du cheptel houriesque alloué aux Elus varie selon les sources.

     

        Selon un certain Mahmud (gughrafiyyat al-maladhdhat), il atteindrait

    343.000 "vagins appétissants"

        (pour reprendre la délicate expression d'as-Suyûtî).



        Ibn Kathir l'évalue quant à lui à

    "100 vierges"

        par jour, c'est-à-dire une vierge toutes les quatorze minutes, à supposer (généreusement) que les Elus copulent sans interruption vingt-quatre heures sur vingt-quatre (sans dormir ni manger, ce qui est d'ailleurs tout à fait dommage, vu la qualité du service). D'où nous concluons logiquement que ces derniers sont vraisemblablement confrontés à des problèmes d'éjaculation précoce.



        A noter que les homosexuels, selon Muhammad Jalal Kishk (Khawatir muslim fil-mas'alah al-ginsiyyah, Maktabat al-turath al-islami, Le Caire, 1992, pp. 200-214), pourront assouvir leurs désirs sur ces jeunes éphèbes immortels (semblables à des perles cachées) qu'évoque le Coran à plusieurs reprises :




        Ainsi que l'explique Nahed Mahmoud Metwalli (Musulmane égyptienne convertie au christianisme [et bien sûr contrainte à l'exil]) dans le témoignage ci-dessous, Al-Azhar aurait décrété le 22 juillet 1984 que khawatir muslim fil-mas'alah al-ginsiyyah n'était pas contraire aux enseignements de la religion musulmane :



        Au paradis, il y a aussi des "garçons éternellement jeunes" (76:19). Il m'en coûte de poursuivre cette description du paradis. Que représentent ces garçons ? J'ai pris connaissance du commentaire du Sheikh Muhammad Galal Keshk, paru en Égypte dans un livre intitulé: "Pensées d'un musulman sur la question sexuelle " (édité par la Librairie de l'héritage musulman de l'Institut de recherches musulmanes). Grande fut ma surprise et je n'ai pu poursuivre au-delà de quatre ou cinq pages la lecture de ce livre qui suscita une critique virulente de la part des lecteurs. L'université religieuse égyptienne Al-Azhar dut mettre sur pied un comité d'examen qui prit beaucoup de temps pour livrer ses conclusions. Le 22 juillet 1984, ce comité décréta que ce livre n'était pas contraire aux enseignements de la religion musulmane ! Or, l'écrivain affirmait que celui qui résiste sur terre à la tentation de pédophilie, sera récompensé au paradis en ayant à sa disposition des garçons ! J'éprouve un sentiment de honte et ne me sens pas en mesure de poursuivre la réflexion sur ce sujet. Ô gens ! Comment le Dieu Saint peut-Il tolérer au Ciel cet affreux péché : celui qui s'abstient de relations sexuelles avec un garçon, retrouvera celui-ci au paradis ! Et ce garçon demeurera toujours jeune... La raison, la logique se révolte contre ces croyances. Nous savons tous que ce comportement sexuel aberrant existe dans la Presqu'île arabique. Et pour plaire aux bédouins, Muhammad, l'apôtre de l'islam, leur a promis des garçons au paradis pour assouvir leurs instincts pervers. Comment, mes amis, pouvez-vous accueillir avec satisfaction cet enseignement et vous réunir pour l'écouter et l'écouter encore ?

     

        Le paradis qui sera notre récompense à la résurrection après une vie droite et vertueuse, ce paradis, comment peut-il consister dans des activités sexuelles avec des femmes et des garçons; comment peut-il se ramener aux plaisirs du boire et du manger : chair d'oiseaux et toutes sortes de viandes désirables, fleuves de miel, de vin et de lait... J'en appelle à votre jugement.





      Je crois savoir que l'argumentation de Kishk reprend un raisonnement d'Abul-Ala al-Ma'arri (cf risala al-ghufran): si le vin est interdit en ce bas-monde et permis au Paradis, il en sera de même de l'homosexualité.

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  • La régression tragique de la condition des femmes dans les pays arabes
    Par Jean-Gérard Lapacherie

    1. Des femmes émancipées

    A qui voyageait dans les pays arabes du début des années 1960 à la fin des années 1970, il semblait que la Méditerranée n’était pas condamnée à séparer éternellement l’Occident de l’Islam et que les rives nord et sud se rapprochaient peu à peu. Alors le dialogue des cultures avait une réalité : des hommes et des femmes issus de ces civilisations tentaient de se comprendre en dépit des préventions. Alexandrie appartenait au même monde que Naples. Dans les rues du Caire, d’Alger, de Rabat, de Beyrouth, on aurait pu se croire à Athènes, n’était la musique plaintive diffusée à tue-tête dans les cafés. Les femmes sortaient de chez elles sans être surveillées par un mâle, vêtues comme des Françaises : un peu démodé et moins court sans doute. Ce qui faisait le charme de ces pays, c’était la joie de vivre. La démarche légère, la vivacité des conversations, le futur souriant, une insouciance gaie, tout indiquait que la civilité restaurée bénéficiait aux femmes et que la douceur des moeurs changeait leur vie. La Méditerranée était en passe de recouvrer l’unité que les conquérants venus des déserts d’Asie avaient brisée au VIIe s. Les apparences étaient trompeuses, mais au moins, les cœurs frissonnaient d’espoir, malgré les pulsions de haine qui, dans les profondeurs, commençaient à saper ce bonheur dont on ignorait alors à quel point il était fragile.

    En 1923, l’Egyptienne Hoda Charaoui et ses amies, qui revenaient du Congrès féministe mondial tenu en Italie, ont retiré leur voile en descendant du wagon harem : le peuple qui se pressait dans la gare du Caire et ses alentours les a acclamées. Soixante-dix ans plus tard, l’écrivain féministe Naoual el Saadaoui, menacée de mort, entre autres raisons, parce qu’elle ne voulait pas porter le voile, s’est réfugiée aux Etats-Unis, parce que personne, ni les autorités, ni la police, ni ses compatriotes, ne voulait assurer sa sécurité, de peur d’avoir à affronter l’islam triomphant.

    La condition des femmes dans les pays arabes subit depuis deux ou trois décennies une tragique régression.

    2. L’émancipation effective des femmes

    Pendant environ cinquante ans, de 1920 à la fin des années 1970, les femmes vivant dans les pays arabophones et dans des pays non arabophones, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, se sont émancipées ou ont été émancipées. Elles ont été libérées de leur statut de servantes esclaves par des hommes éclairés, penseurs ou hommes politiques libéraux, dont Qassem -, Mansour Fahmy, Taha Hussein, Saad Zaghloul, etc. ou par des femmes d’exception : Hoda Charaoui, Céza Nabaroui, Doria Chafik.

    Dans ses romans parus dans les années 1950-60, l’Egyptienne Out el Kouloub énonce les thèses des penseurs du début du XXe s. : l’alphabétisation des femmes, l’égalité des droits entre femmes et hommes, l’abolition de la répudiation, la libération de la prison du voile :

    « J’entendais une voix jeune et ardente défendre des idées qui déjà m’étaient chères : la nécessité d’instruire la femme, de lui donner les mêmes droits qu’aux hommes, de la libérer du voile, de transformer en sa faveur les règles du mariage, de ne plus permettre qu’elle soit mariée contre son gré et répudiée sans raison » (Ramza, Gallimard, 1961).

    Résidant en Egypte dans les années 1830-50, la saint-simonienne Suzanne Voilquin écrit dans ses mémoires qu’elle n’a jamais vu de femmes dans les lieux publics. En 1923, pour la première fois depuis que les tribus arabes venues du désert ont conquis le Proche Orient, les femmes ont investi l’espace public : la rue d’abord, puis l’université, les plages, la rédaction des journaux, les administration, écoles, hôpitaux. Elle ont pu se forger un destin. Ce fut, au sens vrai de ce terme, une révolution, qui s’est accomplie par la seule vertu de l’exemple et la force de la conviction.

    3. Les conditions de l’émancipation

    Les femmes ont été émancipées parce que les conditions étaient remplies.

    La première de ces conditions a été le recul de l’islam. Tant que l’islam régissait ces pays, les femmes étaient reléguées au harem ou à la cuisine, où deux fonctions leur étaient assignées : assurer aux mâles une descendance et tenir leur maison. Pendant un siècle, surtout entre 1920 et 1970, la charia a cessé d’être la référence essentielle des textes législatifs, sauf dans les pays arabo-islamiques de la péninsule, le califat a été aboli, les lois ont perdu leur caractère islamique, les moeurs et les personnes ont échappé au contrôle des associations « pieuses », des espaces de liberté ont été ouverts.

    Dans un article publié en 1947 dans la revue Les Cahiers du Sud, l’écrivain égyptien Taha Hussein, qui a soutenu le combat des femmes, rappelle que les penseurs du début du XXe s. ont rejeté « tout asservissement aux dogmes théologiques et aux règles juridiques », les dogmes et les règles étant ceux de l’islam, et que ce rejet a été le moteur de la nahdah ou « renouveau » des arts, des lettres, de la société. Inquiets de voir leurs pays engagés depuis de longs siècles dans une décadence sans fin, les Egyptiens, Libanais, Syriens, Turcs, Irakiens ont partagé la même volonté de s’instruire, d’apprendre les langues étrangères, de renouveler les arts, de s’initier aux sciences, de suivre l’exemple de l’Occident, où, en cinq siècles, le savoir, la technique, la maîtrise du réel, la réforme, devenus les valeurs suprêmes, ont engagé l’humanité dans le processus de civilisation le plus ample que les hommes aient jamais connu. Les penseurs arabes ont compris que des femmes analphabètes ne pouvaient ni initier ni a fortiori former les enfants dont elles avaient la charge à la connaissance. Pour Taha Hussein, le « réveil de la conscience arabe » (ou nahdah) sera définitivement accompli quand les Arabes connaîtront la liberté de pensée (condition qui n’est pas remplie) et quand la condition des femmes sera changée.

    Les femmes ont été émancipées parce que les pays arabes se sont ouverts sur le monde. Ce fut le cas en Egypte. En effet, pendant plus d’un siècle, de 1830 à 1960, à la tradition islamique, les autorités ont préféré le développement économique, la paix, la connaissance, les sciences. Elles ont aboli l’infâme et raciste statut de dhimmi ou « toléré » qui fait des coptes, des chrétiens, des juifs, des sous-hommes ou des sujets de second ordre sans droits, ni sécurité, ni futur. Des malheureux ayant échappé aux massacres, grecs catholiques, Arméniens, juifs, russes blancs, y ont trouvé un asile et ont fait profiter l’Egypte de leurs talents. En bref, l’étau de l’islam sur la société a été desserré.

    La troisième condition est la démocratie réelle. A partir de 1920, l’Egypte s’est dotée d’institutions démocratiques : parlement, élections libres, presse libre, opinion publique, égalité des citoyens devant la loi. C’est dans ce cadre que les femmes se sont émancipées. Sans la démocratie, l’émancipation n’aurait pas eu lieu.

    Out el Kouloub raconte comment, au début du XXe s., son héroïne Ramza, pour faire enregistrer le mariage qu’elle avait contracté contre la volonté de son père, compose elle-même la plaidoirie que son avocat prononce. Elle dénonce « la prétention abusive d’un père despote à disposer de sa fille comme d’une esclave », exalte les aspirations « de la femme égyptienne, décidée à être traitée en être humain » et celles de « la jeunesse égyptienne, éprise de libertés démocratiques, conditions des libertés nationales ».

    « En revendiquant la liberté de me marier selon mon choix, il semblait que je fusse devenue la championne de l’indépendance égyptienne. Les journaux paraissaient avec des manchettes sensationnelles : « De ventres d’esclaves ne peuvent naître que des esclaves », ou bien : « Libérons nos mères, nos épouses, nos filles, pour que naissent des générations d’hommes libres ! » (Ramza, 1961)

    4. La régression tragique

    Dans l’imaginaire égyptien il y a un siècle, « de ventres d’esclaves », il ne pouvait « naître que des esclaves ». A cela, aujourd’hui, les militants de l’islam opposent que les femmes sont « des ventres à fabriquer » des musulmans. Il leur incombe de donner naissance, non pas à des hommes ou des femmes, encore moins à des femmes libres, mais à des musulmans et uniquement à des musulmans. Il se ressasse en Occident la thèse suivante : ce sont les femmes qui, en s’émancipant, desserreront l’étau qui étouffe les pays arabes. En 1980, Mme Minces, journaliste maoïste et bien pensante, après avoir enquêté au sud de la Méditerranée, écrit dans La Femme dans le monde arabe (Mazarine, 1980) : « A l’inverse de l’Algérie, il y a en Egypte place pour un mouvement féministe ».

    En 1980, elle jugeait que les Algériennes étaient condamnées au silence éternel, ce en quoi elle ne se trompait guère, mais qu’en Egypte pouvait émerger une force qui donnerait enfin aux femmes une place dans l’espace public. En Egypte, entre 1920 et 1960, les femmes ont milité dans deux mouvements en partie concurrents : UFE, acronyme pour Union des femmes d’Egypte ou Union féministe égyptienne, et Bint el Nil (« la fille du Nil »). Or, l’émancipation dont elles ont été les artisans, grâce à deux femmes d’exception, Hoda Charaoui et Doria Chafik, a été un feu de paille. La civilité a duré trois décennies. En 1980, la tragédie était nouée. Le slogan suivant lequel les femmes, en s’émancipant, desserreront l’étau, tient de l’invocation à la Coué. L’Egypte en fournit la preuve. L’étau, un moment ouvert, s’est brutalement refermé. Une analogie fera comprendre ce qui s’est passé. On a cru que les peuples pétrifiés dans les glaces de l’hiver communiste respireraient le doux air du printemps. Les chars russes en Hongrie et en Tchécoslovaquie ont dissous l’illusion. Le communisme interdit au printemps de fleurir. Les citoyens de l’Est ont dû attendre la chute du Mur de Berlin pour respirer enfin les effluves de la liberté. Il en va de même pour ce qui est de la condition des femmes dans les pays arabes. Ce n’est pas le serrage plus ou moins dur de l’étau qui interdit aux femmes d’être des êtres humains, c’est l’étau. Or, dans les pays arabes, l’étau est tabou. Il faut être aveugle pour ne pas voir que l’islam a repris le contrôle des pays du sud de la Méditerranée. L’étau s’est refermé sur les sociétés, les enfants, les moeurs et les femmes, ne laissant aux forces laïques (id est les seuls militaires de haut rang ou les chefs de la police) que des Etats croupions ou en faillite ou discrédités ou réduits aux seuls organes de répression, lesquels tomberont un jour comme des fruits blets : il suffira aux imams de se baisser pour s’en emparer, comme l’ont fait les mollahs en Iran.

     

    L’émancipation a beau avoir été inouïe, massive et historique, non seulement elle s’est arrêtée, mais elle a été effacée en moins de deux décennies. Si elle a échoué, c’est qu’elle ouvrait une brèche que l’islam, les forces politiques qui s’en réclament, les mâles qui fondent leur pouvoir sur l’asservissement des femmes se sont empressés de fermer.

    . L’abolition de la démocratie

    Emanciper, c’est rendre aux esclaves une liberté dont ils sont privés. Ce n’est possible que là où il y a des hommes libres. Or, le drame des pays arabes est de végéter sous des régimes tyranniques. C’est un régime de ce type et d’inspiration socialiste qui, en Egypte, a liquidé les mouvements féministes. Après le coup d’état de 1952, l’UFE (Union des femmes d’Egypte), fondée en 1923, a été vidée de toute raison d’être pour être transformée en association de dames charitables. En 1957, Nasser a dissous Bint el Nil, fondé par la poétesse philosophe Doria Chafik, qui avait osé protester publiquement contre la dictature. Le crime des Egyptiennes était de soutenir le régime démocratique fragile, qui, pendant un peu plus de trente ans, de 1920 à 1952, leur a accordé les droits. Cosmopolites, francophiles, la xénophobie leur faisait horreur. Hostiles au nationalisme pan arabe, elles étaient démocrates. Voici comment le « célèbre » orientaliste français, Berque, du Collège de France, présente, dans L’Egypte, impérialisme et révolution (1967, Gallimard), le régime démocratique qui, dans les années 1920, a accordé aux femmes le droit à l’émancipation. « L’un des pièges de l’histoire politique en Egypte, de ce temps-là (années 1920), c’est l’adoption zélée des formes de la démocratie occidentale ». Berque répète l’antienne communiste. La démocratie formelle est exogène. Diffusée par des zélateurs de l’Occident, elle contamine l’identité supposée de l’Egypte, nécessairement arabe et islamique. Cette attaque contre la démocratie est écrite par un « savant » qui jouit des bienfaits qu’elle lui prodigue, au moment où Nasser institue dans une Egypte sous les fers une censure féroce, la corruption, le parti unique, des camps de concentration, la surveillance des citoyens. Cela ne dissuade pas Berque de remercier avec un zèle suspect « les autorités qui ont favorisé (ses) recherches ». Suivent trois noms de ministres, que je m’interdis, par décence, de citer ici.

    Les Orientalistes, dont Berque, soutiennent les tyrans par connivence tiers-mondiste. Les féministes en Egypte sont issues de l’aristocratie d’origine turque ou des classes aisées de la bourgeoisie urbaine. Aux yeux des tiers-mondistes, elles sont suspectées de ne pas haïr les étrangers. A la différence du Français Berque, l’Egyptien Taha Hussein, le « père des lettres arabes », a soutenu les femmes qui s’émancipaient. Pour lui, l’Egypte est méditerranéenne. Par son passé et sa culture, elle est plus proche des civilisations d’Occident, dont celle de la Grèce, que des déserts d’Asie d’où viennent les conquérants arabes.

    6. Le retour à l’islam

    Dans ces prisons que sont devenus les pays arabes à l’instar de l’Egypte à partir de 1952, les organisations islamiques, dont les Frères musulmans (mouvement fondé en 1928 avec l’objectif affiché de réislamiser l’Egypte, d’en chasser les juifs et des étrangers, et de mettre fin à l’émancipation des femmes), financées par les Saoudiens, n’ont eu aucun mal à resserrer l’étau. Le retour à l’islam a signifié pour les femmes le retour à la maison. Voilées, reléguées à la cuisine (el nissaa fil matbakh), exclues de l’espace public, désormais elles sont des mineures éternelles placées sous la tutelle des mâles. Le rôle qui leur est assigné est d’être des mères ou, comme le disent les fanatiques de l’islam, des ventres islamiques. Bref, l’ordre islamique, que la révolution féministe a ébranlé dans les années 1920-1960, a été restauré. L’enfermement du berceau au tombeau, qui horrifiait Qassem - en 1895 et en 1913 Mansour Fahmy, est à nouveau la condition des femmes.

     

    7. Les bouleversements géopolitiques

    L’Egypte, le Liban, la Syrie, l’Irak, l ‘Afrique du Nord, sont habités par des populations qui parlent un arabe impur et qui, d’un point de vue ethnique, sont berbères, chaldéennes, assyriennes, nilotiques, etc. De cet ensemble, il faut exclure l’Arabie saoudite et les pays du Golfe, les seuls pays qui méritent de porter le qualificatif arabes et musulmans ou arabo-islamiques, dans la mesure où aucune autre religion que l’islam n’y est tolérée et où les naturels sont arabes d’un point de vue ethnique. Dans la péninsule arabique, la condition des femmes n’a guère changé. Seules les femmes des pays arabophones ont été émancipées. En Arabie saoudite, au cours du XXe s., l’ordre islamique n’a pas été ébranlé. Pour ce qui est des femmes, les règles fixées par l’islam au VIIe s. et que Mansour Fahmy critique dans La condition de la femme dans l’islam (1913) restent en vigueur. Après l’expérience démocratique des années 1920-50, l’Egypte, la Syrie, l’Algérie, l’Irak, etc. ont basculé dans la tyrannie et, par haine de l’Occident, ils se sont placés sous la tutelle communiste, devenant des protectorats de l’URSS. Ces choix aberrants ont entraîné un désastre gigantesque sur tous les plans, économique, social, culturel, moral. Une zone en friches, purifiée de tout « étranger », d’Alger à Bagdad, voilà ce qu’étaient ces pays dans les années 1980, après quarante ans de tyrannie imposée par le « socialisme arabe ». Dans cet ensemble, les seuls pays qui se soient développés et aient offert des conditions de vie dignes à leurs sujets ont été l’Arabie saoudite, le Koweit, les Emirats arabes : bref les pays arabes et islamiques, les seuls qui soient habités par des arabes et où la seule religion possible est l’islam. En Egypte ou en Algérie, l’islam a été marginalisé, en Arabie saoudite, il est resté la société. Au début des années 1960, un conflit armé violent a opposé l’Egypte à l’Arabie au Yémen, les Egyptiens soutenant les progressistes du Sud, les Saoudiens les tribus archaïques du Nord. Ce conflit portait sur le modèle dont les deux pays étaient porteurs. Il était politique et symbolique. C’est l’Arabie saoudite qui a triomphé. Avec l’argent du pétrole et le soutien des Etats-Unis, elle a fait main basse sur toutes les associations islamiques, dont la bienfaisance cache mal un projet conquérant, agressif et guerrier.

    8. La régression en France

    Ce qu’il y a de tragique, c’est que la régression touche depuis vingt ans la France et l’Europe, où les jeunes filles et les femmes originaires des pays arabes se voient assignées à résidence. La soumission est leur destin. Il ne faut pas s’en étonner. La liquidation du féminisme égyptien et le retour à l’islam ont trouvé des partisans en France. Oui, vous avez bien lu : en France, « patrie des droits de l’homme », des savants influents, dont Berque, qui ont élaboré, au début des années 1960, les grandes lignes de « la politique arabe de la France », ont contribué par la parole et l’écrit au grand désastre. En 1940 ils collaboraient. Pourquoi ne l’auraient-ils pas fait en 1950 et dans les décennies qui ont suivi ? Les partisans du désastre, qui se nomment Berque, Gardet, Burgat, Touraine, etc., sont orientalistes ou sociologues. S’ils sont ethnologues, ils ne trouvent rien à redire à l’excision, puisque les victimes ne sont ni leurs filles ni leur femme. Ou encore, ces bien pensants sont journalistes au Monde ou à Libération. Berque a écrit des myriades de livres sur l’islam. Proche de Chevénement, ami de Daniel du Nouvel Observateur, supporter des tyrans, pendant trente ans, il a célébré les « langages des Arabes » ou la grandeur de l’islam, pour mieux rabaisser les femmes. Dans L’Egypte, impérialisme et révolution (700 pages), salué comme une « somme », Berque étudie l’histoire de l’Egypte de 1882 à 1952. Comme il a dépouillé les petites annonces et les avis nécrologiques, il n’ignore pas qu’a existé, dans la première moitié du XXe s., un féminisme libre. Pourtant, son objectif est d’en limiter la portée, de cacher ce qu’il a apporté de neuf, d’en dénaturer les idées et les thèses, en bref, de le rabaisser. Ainsi Berque mentionne le titre de deux livres d’-, le théoricien de l’émancipation de la femme : Les Egyptiens (1907) et El marah el gadidah (1905) mais il ne signale nulle part l’existence de Tahrir el marah (1895, en français « la libération de la femme »), ce grand livre qui a été lu, à juste titre, par les femmes comme un manifeste de combat. De Mansour Fahmy, il dit qu’il est un « fin lettré », mais il ne mentionne pas la thèse qu’il a soutenue à la Sorbonne en 1913 et qui a été publiée l’année suivante, La condition de la femme dans l’islam. Il est vrai que Mansour Fahmy ose rendre responsable l’islam de la dégradation, à partir du VIIe s., de la condition des femmes en Arabie et dans les pays conquis. Aux penseurs féministes, Berque préfère les adversaires de l’émancipation des femmes, dont Talaat Harb, le banquier qui refusait que ses femmes sortissent du harem où elles vivaient recluses. Les actions de l’Union des femmes d’Egypte en faveur de la cause des femmes, de la défense de la Palestine, de la création de la Ligue des Femmes arabes sont dissimulées, ainsi que la belle revue L’Egyptienne. Voici comment Berque présente Hoda Charaoui, la fondatrice du féminisme arabe, faisant précéder son nom du condescendant dame :

    « Elle naquit en 1879, fille de Sultan Pacha, ce président d’assemblée qui sut se dissocier à temps, et non sans bénéfice, du mouvement d’Orabi. Les enfants semblent avoir eu à coeur de purifier cette fortune d’origine suspecte. L’un d’eux se fit le bailleur de fonds de Talaat Harb. La fille devint l’héroïne de la revendication nationale et de l’émancipation féminine ».

    Si l’on en croit ce savant, « Dame Charaoui » aurait combattu, non pour donner aux femmes des droits qui leur étaient niés et une liberté qui leur était refusée, mais pour faire oublier l’origine douteuse de la fortune de son père et pour racheter sa prétendue trahison en faveur des Anglais, comme si elle était une bonne catholique faisant repentance. En guise d’histoire, Berque écrit un mélodrame injurieux pour les femmes.

    Enfin, les Orientalistes, Berque en particulier, conçoivent la culture, non pas comme l’expérience qui nous arrache à nous-mêmes et à notre milieu, mais comme celle qui nous y lie et nous y enferme. Il n’existe que des membres d’une communauté, ethnique et confessionnelle, arabe et islamique en l’occurrence, qui préexiste et qui s’impose à chacun, qu’il soit homme ou femme, pris dans les rets de la culture, prisonnier des langages qu’elle lui a appris, condamné à les répéter jusqu’à la mort. Dans ce cadre, l’émancipation des femmes d’origine arabe, même en France, devient impossible. Etre soi-même, c’est trahir une identité purement fantasmée et imposée par des tyrans.

    A l’opposé des Orientalistes partisans du voile en Europe, les penseurs égyptiens - et Fahmy défendaient des principes universels : -, une foi moderne et réformée ; Fahmy, l’esprit d’examen et la raison critique. Taha Hussein et Out-el-Kouloub pensent les femmes comme des individus capables de décider par elles-mêmes de leur destin. Les féministes revendiquaient leurs droits au nom de principes universels : Berque, les Orientalistes, les partisans du voile leur dénient ces droits au nom de l’identité islamique. Dans le camp des femmes, on trouve, à côté des penseurs libéraux, les opprimés, les partisans de l’Etat de droit et de démocratie ouverte. En face, les nationalistes arabes côtoient les marxistes, les tiers-mondistes, les soi-disant anti-impérialistes, les islamistes, les fanatiques misogynes, les partisans d’un Etat totalitaire et xénophobe, les défenseurs d’une identité islamique imposée à tous. A la liberté, les Orientalistes, les sociologues, Berque ont préféré l’identité islamique qui nourrit la haine des femmes.

    L’émancipation des femmes a été une réalité pendant un demi siècle, parce que l’islam discrédité jouait un rôle marginal dans les pays arabes. Comme dans les vases communicants, le retour à l’islam et la volonté de l’islam de régir les moeurs et le monde éliminent les femmes de l’espace public, jusqu’en France et en Europe et ce, avec la bénédiction des biens pensants. Leur sort est scellé pour de longs siècles ; c’est la relégation dans le long tunnel de l’asservissement.

    Jean-Gérard Lapacherie


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  • Islam(isme)

    Islam, Islam fanatique, islam radical, islamisme, extrémisme islamique, intégrisme, etc.…

    Telles sont les différentes expressions pour qualifier la religion de Mahomet et ses variantes idéologiques dans les médias. Et on peut multiplier les variations : extrémisme islamiste, fanatisme musulman, extrémisme radical, intégrisme extrémiste, islam intégriste, etc. D'autres parlent également d'islam politique, d'islamisme conquérant, d'islam prosélyte, d'islam rétrograde, et que sais-je encore. Si on essayait d'y voir plus clair ?

    Mes vieilles encyclopédies déclinent, quant à elles, deux entrées sur le sujet :

    1. le mot « islam » (avec une minuscule quand on parle de la religion et une majuscule quand on parle de la civilisation, ce que peu de rédacteurs connaissent ! l'islam est au christianisme ce que l'Islam est à la Chrétienté…) ; 2. les mots « islamisme », « mahométisme » et « mahométanisme », qui sont des synonymes de « islam ».

    Islam signifie « soumission »

    Le mot « islamisme » n'avait pas du tout le même sens que de nos jours. Islam vient de la racine arabe S-L-M et signifie « soumission ». Cette racine S-L-M a donné également le mot « salam », (le « shalom » des hébreux), qui veut dire « paix ». On en dérive aussi le mot « musulman », qui désigne un adepte de l'islam. On utilisait aussi le mot « mahométan », qui fait hurler les musulmans, et je me demande pourquoi, parce qu'il est bien plus exact sémantiquement. En effet, « musulman » veut dire « soumis » (sous-entendu à Allah), et l'islam n'est pas la seule religion où les adeptes se soumettent à une ou plusieurs divinités.

    D'ailleurs les adeptes de Mahomet jouent sur l'ambiguïté de cette définition pour prétendre qu'Abraham, Moïse ou Jésus étaient « musulmans », sous prétexte qu'ils étaient soumis à leur Dieu, mais c'est idiot au sens commun du mot musulman, puisqu'ils vécurent bien avant Mahomet qui a fondé l'islam.

    De même, des falsificateurs sémantiques, de Nicolas Sarkozy à Tariq Ramadan en passant par Mouloud Aounit, appellent « musulman » tout « né musulman », toute personne de « culture musulmane », de « famille musulmane », niant ainsi à la plupart des Maghrébins le droit élémentaire à changer de religion (ce qu'interdit d'ailleurs l'islam sous peine de mort). Ce fascisme linguistique et religieux que n'aurait pas dédaigné Savonarole s'appelle tout simplement du totalitarisme idéologique, et là encore les musulmans jouent sur les mots, et en particulier leurs représentants autoproclamés, pour se prévaloir abusivement de 5 ou 6 millions de « fidèles » en France, et d'1,3 milliard dans le monde. (Au Maroc, par exemple, vous êtes compté comme musulman si vous n'êtes ni chrétien ni juif, et cette étiquette affecte tous vos enfants, vos petits-enfants, etc.) C'est aussi stupide que si Nicolas, Tariq ou Mouloud appelaient (presque) tous les occidentaux des chrétiens !

    Le mot « mahométan » me semble bien plus juste, comme je l'ai dit ; Il désigne un adepte de la religion fondée par Mahomet, tout comme un chrétien est un adepte de la religion fondée par Jésus (le Christ) ou un bouddhiste un adepte de la religion fondée par Bouddha. Mais revenons à nos moutons.

    On essaie donc de trouver des variantes au mot « islam », et surtout aux « musulmans » : islamistes, intégristes, fondamentalistes, extrémistes, radicaux, etc. Et même des sous-variantes : islamistes modérés (hum !), musulmans intégristes, etc. Ce qui permet de faire des analogies avec par exemple les « catholiques intégristes » ou les « juifs orthodoxes » (avec une minuscule à « juif » dans ce cas). Quelle idiotie ! Non seulement il n'y a pas des « christianistes » ou « juifistes » comparables aux « islamistes », mais en plus les adeptes de Monseigneur Lefebvre ou les « juifs à papillotes » de Mea Shearim n'appellent pas à convertir la terre entière, à égorger des mécréants ou à se faire sauter les entrailles, et de plus ils posent assez rarement des bombes. D'ailleurs, à propos des juifs, la plupart des gens confondent sionisme et orthodoxie religieuse, alors que les Juifs (avec la majuscule cette fois) sionistes ne sont pas majoritairement des piliers de synagogues, loin de là. Dans les kibboutz, on vénérait plutôt Marx et Proudhon que Yahvé, et je n'ai jamais vu Ariel Sharon avec des bouts de ficelles à la ceinture. Mais là encore, les journalistes essaient de nous faire croire à une « guerre de religion » au Proche-Orient, alors que ce n'est pas du tout le cas, du moins pour l'un des camps, et même si Israël est loin d'être un pays laïque.

    Au moins, ces digressions montrent que sous des vocables erronés ou mal définis, on peut manipuler les esprits et même exercer un terrorisme intellectuel, tout comme on peut le faire avec des anathèmes comme « sioniste » ou « islamophobe ».

    Donc on distingue « islam » de ses variantes « extrémistes » : islam radical, islam politique, islamisme, fondamentalisme, salafisme (au sens propre du terme : les Frères Musulmans et leurs disciples, de Ramadan à l'UOIF, sont aussi « salafistes » dans leur doctrine que les Bouziane et Benchellali). Mais qu'est-ce que l'islam, tout d'abord ?

    L'islam est la religion fondée par Mahomet. Selon les musulmans, Allah lui-même aurait révélé à Mahomet le Coran par l'intermédiaire de l'archange Gabriel. Le Coran est donc, pour les musulmans, la parole d'Allah, leur dieu, lui-même. Là encore le Coran lui-même raconte des absurdités quand il fait dire à Allah : « J'ai donné la Thora aux juifs, l'Evangile aux chrétiens et le Coran à vous, les meilleurs ». En effet, les chrétiens savent bien que les Evangiles racontent la vie de Jésus et ont été écrits par des hommes (les quatre évangélistes Jean, Luc, Marc et Mathieu) bien après la mort de Jésus, et non par le Dieu des chrétiens lui-même. En quelque sorte, si on pouvait faire une comparaison, le Verbe Incarné du Dieu chrétien serait Jésus, tandis que le Verbe Incarné d'Allah serait le Coran.

    Et cette différence est fondamentale. En effet, les chrétiens peuvent « contextualiser » les Evangiles, en relativiser le sens, et même admettre des contradictions (qu'ils nomment pudiquement « mystères »). Quant aux juifs, c'est encore pire ! Mettez deux rabbins en face de trois versets bibliques, et ils passeront la journée à vous trouver mille sens différents. Ce qui a l'énorme avantage d'une part de les occuper, et d'autre part d'éviter tout dogmatisme stupide, et de faire évoluer l'interprétation avec la modernité. De même chez les chrétiens, les prêtres vous expliquent aujourd'hui davantage le sens métaphorique des passages d'Evangile que leur sens « littéraliste » (comme dirait Tariq Ramadan dans certaines de ses « postures »).

    Il en est tout autrement avec le Coran. Comme c'est la parole même d'Allah selon les musulmans, toute interprétation due à une « contextualisation » du rédacteur est nulle et non avenue. Le Coran lui-même, dans l'une de ses admirables tautologies, le dit lui-même ! Et il est interdit d'en changer un iota ! Mais il y a une autre différence fondamentale d'avec les textes sacrés des juifs et des chrétiens.

     

    Le Coran, c'est un « manuel », une sorte de « user's guide » sans aucune spiritualité originale. De nombreux islamologues pensent d’ailleurs que le Coran aurait été une sorte de « commentaire » de la Thora aux premiers temps de Mahomet, d’où ses références nombreuses au livre sacré des Juifs (voir l’islam ou le plagiat du judaïsme par Djinn Al Nader). Le Coran contient donc des recommandations très pratiques pour plaire à Allah, ainsi que de nombreuses interdictions souvent d’origine juive (ainsi l’usage du porc).

    Le Coran consiste ainsi en une conglomération hétéroclite de récits et de mythes d'autres religions qui s’étaient répandues dans l'Arabie préislamique (judaïsme, zoroastrisme, christianisme, paganisme…). D'ailleurs le programme des cours dispensés dans les écoles coraniques (par exemple à l'institut de formation des imams de l'UOIF dans le Morvan), la plupart des matières traitent de jurisprudence (« fiqh » et « charia ») et pas du tout de théologie, d'exégèse, de morale, etc.

    En conséquence, l'islam est une religion composée de règles à suivre. Ceux qui les suivent vont au Paradis (en première classe s'ils se tuent au combat contre les mécréants), et les autres vont en Enfer, pour brûler dans d'atroces souffrances que le Coran se complaît à détailler avec un sadisme et une cruauté inimaginables. Les non musulmans vont, quant à eux, systématiquement en Enfer, même s'ils ont eu une conduite exemplaire : si vous n'avez pas respecté les cinq piliers, et en particulier la profession de foi (« chahada ») et les cinq prières quotidiennes (« salate »), vous avez beau avoir donné tous vos sous aux pauvres et fait, en bon idiot utile, toutes les manifs du MRAP et des collectifs pro-voile, ça ne compte pas. Sauf pour Abraham, Moïse, Jésus, et compagnie, bien sûr, réputés être musulmans avant la lettre, comme nous l'avons vu plus haut.

    Ces règles coraniques ne laissent guère place à l'interprétation, puisqu'elles sont très terre-à-terre et pragmatiques. On peut d'ailleurs penser que Mahomet ou ses proches les ont inventées au fur et à mesure de leurs besoins, pour administrer leurs troupes, motiver leurs combattants, partager le butin (sourate ainsi que les femmes captives. S'ajoute au Coran la Sunna, c’est-à-dire des centaines de « hadith » qui parlent de la vie quotidienne de Mahomet. Et tout ça nous donne la « charia ». Ainsi l’âge légal du mariage en Iran est fixé à 9 ans ( !) en référence à la petite Aïsha que Mahomet avait mis dans son lit alors qu’il atteignait la cinquantaine… Je ne vais pas entrer plus en détails dans la jurisprudence islamique. Disons seulement qu'elle est bétonnée et surtout intangible par sa nature et ses fondements.

    D'ailleurs, vous pouvez aisément déstabiliser n'importe quel musulman prétendument « réformiste » ou « réformateur » à la sauce Tariq Ramadan qui prétend « relire », « ré-interpréter », « contextualiser » le Coran : demandez-lui comment il faut interpréter les versets qui disent qu'on peut prendre quatre épouses (mais pas quatre maris), qu'on peut enfermer et battre sa femme si « on craint » qu'elle ne désobéisse (sourate 4), ou qu'il faut exterminer les mécréants : je n'ai jamais entendu aucun Ramadan (qui se contente de moratoires sur la lapidation pour esquiver les questions) ni aucun Bencheikh, ni aucun Boubakeur répondre à ce genre de question. Tout au plus ils changeront de conversation ou vous expliqueront pour la centième fois qu'il faut replacer ces versets dans leur contexte. Depuis 14 siècles, d'autres ont essayés, Averroès et Ar Razi en premier. On a brûlé leur bouquin, quand ce n'est pas les intellectuels eux-mêmes qu'on brûlait.

    Une petite anecdote révélatrice de cette impossibilité à sortir des ornières coraniques. Lors d'une émission de télévision, le pamphlétaire Jack-Alain Léger houspillait le vénérable Dalil Boubakeur, lui citant un verset sexiste du Coran. Le recteur de la Mosquée de Paris esquivait, et, excédé par l'insistance du trublion islamophobe, finit par lâcher un « mais je me fous de ce qu'il y a écrit dans le Coran » qui restera dans le bêtisier du CFCM. Il en a fait d'autres dans le genre, et pourrait rivaliser avec Fouad Alaoui. Par exemple, lors de l'affaire Houllebecq, Dalil Boubakeur s'est époumoné devant micros et caméras avec un sophisme mémorable (je cite de mémoire) : « J'apprends que les musulmans sont des cons. Nous sommes un milliard de musulman sur Terre. Donc nous serions un milliard de cons ? »

    Remettre en cause un seul des commandements coraniques, qui ne laissent guère de place à l'interprétation, c'est remettre en cause un commandement divin, donc remettre en cause le Coran, qui est le fondement même de l'islam, et par conséquent l'islam lui-même. En effet, si tel verset était « faux », alors lesquels seraient vrais et lesquels seraient faux ? Tout s'écroulerait comme un château de cartes, et c'est d'ailleurs le thème des redoutables « Versets sataniques » de Salman Rushdie : ce n'est pas seulement parce qu'il blasphémait qu'on l'a pourchassé de fatwas, mais c'est qu'il appuyait sur le talon d'Achille. Et comme il n'y a pas de « support spirituel » ou de possibilité d'interprétation métaphorique (comme dans les Evangiles) qui apportent autre chose au disciple que cet ensemble de croyances terre-à-terre et binaires (« hallal » / « haram »), cela sonnerait le glas de l'islam.

    De plus, une réforme de l'islam ne peut aller que dans le sens du durcissement. En effet, comparons encore avec le christianisme. Quand on étudie les différentes « réformes » chrétiennes, depuis « la » Réforme de Luther et Calvin jusqu'à Vatican II, on constate que, outre des considérations politiques et sociales, celles-ci se sont opérées par un retour aux Ecritures, et aux commandements fondamentaux du christianisme. En gros : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Appliquez la même chose à l'islam : c'est la multiplication assurée des Ben Laden ! Par exemple, savez-vous que le mot « amour » et ses dérivés (aimer, etc.) au sens « amour entre êtres humains » ou « amour entre homme et femme » (et non amour d'Allah ou du bétail) n’apparaît pas une seule fois dans les 114 sourates du Coran ?

    Tout cela pour dire que les divisions entre islam, islamisme, etc., sont relativement artificielles. D'abord il y a un continuum entre les pratiques et les dogmes parmi les musulmans : on peut lapider avec des cailloux plus ou moins gros, ou éviter de battre sa femme sur la figure, comme le conseille l'imam de Vénissieux. On peut respecter plus ou moins tel commandement. Mais à vrai dire, on ne peut pas respecter l'islam quand on vit dans un pays occidental. Ne serait-ce que le jeûne du Ramadan, qui est une véritable torture (et la plupart des musulmans trichent), et les cinq prières quotidiennes à heures précises et variables selon les saisons. D'ailleurs le jeu des islamistes (UOIF et Cie) est bien de dire : nous avons le droit de pratiquer nos absurdités, donc il faut tout aménager pour nous : horaires, piscine, etc.

    Après, est-ce que les gens croient qu'ils iront en enfer s'ils ne respectent pas telle ou telle règle ? Je n'en sais rien, mais mon expérience du monde musulman m'a appris à résumer l'islam en deux qualificatifs : hypocrisie et violence. Allah reconnaîtra les siens. Je crois aussi que les leaders musulmans sont surtout des malins qui, suivant l'exemple de Mahomet, ont su comment ils peuvent manipuler les foules en utilisant cette idéologie. Je ne crois pas que les dirigeants des pays arabes et maghrébins, par exemple, croient un seul instant à toutes ces débilités. Ou alors, ils sont masochistes étant donnée leur conduite personnelle bien peu orthodoxe ! Je suis aussi convaincu qu'un Al Qadawari ou un Thomas Milcent (« Docteur Abdallah ») sont également des manipulateurs. L'islam est aussi un bon refuge pour tous les fachos refoulés, du taliban de banlieue à Mohamed Latrèche. Il peut cependant y avoir des gens « sincères » et naïfs, profitant néanmoins plus ou moins de la situation, et je pense même que l'imam de Vénissieux était dans ce cas.

    Donc le bon musulman, ce n'est peut-être pas Ben Laden (il exagère un peu et à mon avis on devrait pouvoir trouver un ou deux versets contre lui), mais c'est au moins Bouziane et Benchellali qui respectent bien plus le Coran que les « innovateurs » à la Bencheikh ou que votre voisin de palier. Les autres se contentent de faire plus ou moins semblant, et aussi… de respecter la loi républicaine, soit parce qu'ils ont tout de même un peu de morale qui leur dit que tuer les mécréants ce n'est quand même pas très correct, soit par simple peur du gendarme.

    Alors islam ou islamisme ? Disons, comme le dit d'ailleurs très bien des gens comme Fethi Benslama quand il ne se perd pas dans une vaine interprétation psychanalytique du Coran (et je ne parle pas de Malek Chebel qui confond Coran et Mille et Une Nuits), « ce n'est pas une question de différence de nature, mais de degré ». Certains poussent la « logique » jusqu'à faire sauter des statues de Bouddha millénaires ou des gratte-ciel, d'autres se contentent de terroriser les beurettes de banlieue et de caillasser la police en hurlant « vive Ben Laden ! » D'ailleurs Benslama récuse complètement le terme « islamisme », et je suis tenté de le suivre. Le problème est qu'il n'a pas trouvé d'autres mots pour le remplacer.

     

    En résumé l'islam c'est une idéologie et non une religion, fabriquée par un (ou sans doute plusieurs) bédouins chefs de guerre pour leurs besoins militaires, politiques et familiaux (et sans doute sur une période qui dépasse le vivant de Mahomet). Il y a des versets dans le Coran qui sont révélés juste au bon moment pour « arranger le coup » à Mahomet, par exemple pour prendre la femme de son propre fils Zaib contre toute morale, même à l’époque. Si le calendrier lunaire musulman se décale par rapport au cycle des saisons à cause de l'absence des « mois surnuméraires » qu'on retrouve dans tous les calendriers lunaires du monde, c'est parce qu'un jour ça a arrangé Mahomet de faire supprimer un mois surnuméraire - pendant lequel on devait respecter la trêve des combats - afin de finir une bataille en cours.

    Donc l'islam est une idéologie totalitaire, débile, primaire et violente, et non une « religion » au sens commun du terme. Pour citer Jack-Alain Léger dans son livre « Tartuffe fait Ramadan » quand il répond à l'accusation stupide d'islamophobie, l'islam est « athéophobe, éleuthériophobe, apostasiophobe, gynophobe, homophobe, judéophobe, hétérophobe, exogamophobe, érotophobe, hédonophobe, eidolophobe, oenophobe, et j'en passe ». Pour faire plus simple, Michel Houellebecq dit : « la religion la plus con, c'est quand même l'islam ». Cependant, cette assertion lapidaire (et non lapidatoire) oublie un aspect capital de l'islam : il n'est pas seulement bête, mais en plus méchant.

    Un « musulman modéré », c'est soit un apostat qui n'ose pas le dire, soit un croyant qui ne respecte pas complètement sa religion (et tant mieux pour lui et nous), soit un mixte des deux. Et ils sont légions, ces « nés musulmans » qui ne le sont plus que par tradition, par suivisme, ou tout simplement par peur du qu'en dira-t-on, avec une croyance en Allah plus ou moins bricolée.

     

    Selon des auteurs comme Abdelhak Serhane ou Karim Labidi, ils vivent dans une espèce de schizophrénie plus ou moins enfouie, entre islam et modernité.

    Il n'y a que trois portes de sorties : l'apostasie d'un côté, et le jihad de l'autre. La troisième est l'hôpital psychiatrique, où curieusement on rencontre de plus en plus de jeunes musulmanes. Etrange, non ?

    Mais un « bon musulman », je veux dire un musulman appliquant l'islam, est jihadiste. Après, il y a des jihads violents (les terroristes), et les jihads plus sournois (Tariq Ramadan, UOIF), le but final étant - et c'est également un commandement coranique - de convertir à l'idéologie mahométane tous les êtres humains, de gré ou de force.

    Mes livres d'Histoire des religions prévoyaient la mort lente de l'islam au milieu du siècle passé. Mais pour des raisons conjoncturelles trop longues à détailler, il a eu un regain depuis une trentaine d'année (principalement pour des raisons purement démographiques), et évidemment des chefs de guerre ont relancé les différentes formes de jihad partout dans le monde, puisque le jihad est fondamental dans l'islam. Mais je crois que l’islam tombera face à la modernité, c'est inéluctable. Par contre, je pense que le baroud d'honneur sera très sanglant, surtout en Europe, ventre mou de l'Occident, et en particulier en France. Mais c'est une autre histoire


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  • Le plein-genre Raja Ben Slama* 

    On raconte qu'un des Califes umeyyades ordonna au gouverneur de Médine de "recenser" les chanteurs "efféminés" de la ville sainte. Or, en arabe, seul un point diacritique sépare le verbe "recencer"(ahsi) du verbe "châtrer" (akhsi). C'est ainsi que, par inadvertance, le gouverneur fit émasculer un bon nombre de chanteurs, parmi lesquels le surnommé Dalal. (Isfahani : VI, 266-297). Réputé "beau, courtois et éloquent", "Dalal-l'efféminé" était l'un des plus illustres musiciens médinois du VIIème siècle. "Efféminé" ne rend qu'approximativement l'arabe mukhannath, mot qu'il ne faut pas confondre avec Khuntha: : hermaphrodite, quoique les deux vocables dérivent de la même racine (kh-n-th) qui signifie globalement : se tordre, se tortiller, se pencher… Un mukhannath est généralement un homosexuel "passif". Mais Dalal se voulait à la fois passif et actif. Aimant aussi bien "ce qui plaisait aux hommes et aux femmes", il était donc ce qu'on appelle aujourd'hui un "bisexuel".



    Loin d'être seulement "une anecdote plaisante, forgée pour mettre en évidence les inconvénients de la graphie arabe..." (cf : Encyclopédie de l'Islam2, Khasi, III, 8), cette histoire de castration témoigne de la violence dissuasive dont on pouvait faire usage pour traiter, ou tenter de traiter les troubles du "gender", et gérer les paradigmes souvent brouillés de la "normalité" et de "l'anormalité" . D'ailleurs, le lapsus du gouverneur n'est nullement dénué de sens : "recencer" et "châtrer" participent du même geste politiquo-identitaire qui tranche, assigne des rôles et des identités fixes, distingue par des marques, censure. Sans doute, Dalal troublait-il l'ordre moral en s'adonnant au chant, au vin et à l'adultère, pratiques répréhensibles aux yeux des censeurs de la ville sainte. Mais ce qu'il mettait surtout en péril, à plus d'un titre, et qui le mettait en péril, c'était l'ordre des évidences normatives et des hiérarchies statutaires qui soutiennent toute société formellement bipolaire, et fortement andro-hétérocentré. Il était un affranchi (mawla) qui rendait visite aux femmes de condition libre, leur valait à la fois d'entremetteur et d'amant, et affichait sa bi-sexualité. De là sans doute, l'arbitraire de son châtiment qui ne correspond, juridiquement parlant, à aucune disposition légale précise, mais qui répond sourdement à la logique de la politique identitaire des genres : que soient émasculés les hommes qui ne sont ni hommes ni femmes ; que soient exclus de l'ordre viril, tous ceux qui sont indignes de leur identité de genre et de leur statut d'hommes de condition non servile, tous ceux qui s'autorisent à franchir la barrière séparant les hommes et les femmes de condition libre, et que le Coran désigne par le terme hija:b : voile.



    Des trous dans l'ordre sexuel

    Dieu, dit le Coran , a créé l'Homme (insa:n), mais Il aussi créé "le mâle et la femelle" séparément (49/13; 53/45; 75/39; 92/3). L'ordre divin des genres est strictement binaire, il n'admet pas de troisième genre. Commentant l'un de ces versets, un exégète rappelle que Dieu a "limité la progéniture (d'Adam et Eve) à deux genres seulement ; il en découle que l'hermaphrodite ne constitue pas un genre, car sa vérité le rattache aux deux genres : celle de l'humanité (a:damiyya, relatif à Adam), il est de ce fait ramené à l'un des deux genres (masculin ou féminin)… selon que les organes lui sont en défaut ou en excès". (Qurtubi : III/1315) Mais cette négation du troisième genre sera constamment démentie ou mise à l'épreuve de l'expérience. Dans le livre sacré lui-même, il est fait référence à deux catégories d'êtres pouvant, chacune à sa manière, mettre à mal la dualité décrétée par Dieu. L'eunuque, être que l'on essayait de "dé-sexualiser", et que l'on fabriquait essentiellement à l'usage des harems, forme la première. On pense que le Coran y fait allusion dans le verset (XXIV, 31) où il est dit que les femmes sont autorisées à montrer leurs atours aux domestiques mâles "que n'habite pas le désir charnel". L'éphèbe constitue la seconde : être paradisiaque, ni-femme ni-homme, mais fortement sexué, il est l'un des objets de jouissance dont disposeront les hommes croyants. En effet, bien qu'il condamne fermement l'homosexualité masculine (liwa:t), le Coran promet aux bons croyants d'être servis au Paradis par des éphèbes immortels (LVI, 17), "qui sembleront perles cachées" (LII, 24), "perles détachées (LXXVI, 19). Même si en dernier ressort ces deux catégories consolident la domination masculine en ce bas- monde comme dans l'au-delà, au coeur même du Livre sacré s'ouvre déjà une brèche dans l'édifice théologique de l'ordre sexuel binaire.



    Dans la société des premiers siècles de l'Hégire, dans les écrits qui s'en font largement l'écho, et où le rêve, le rire et le blasphème sont à l'honneur, s'édifieront, en même temps qu'un espace social sécularisé, une culture du pluriel et de l'équivoque, une tradition du troisième genre que les idéologies modernes de la pureté et de l'homogéneité originelles parviennent mal à occulter. Ainsi l'histoire de Dalal, qui aurait dit à la suite de sa castration : "maintenant, mon khunth est parfait". Dans ce substantif qualificatif de khunth, on retrouve l'ambiguité de la racine (kh-n-th) qui renvoie aussi bien à l'homosexualité masculine qu'à l'hermaphrodie. Dalal aurait ainsi exprimé son désir d'appartenance au khunth, à un genre qui n'en est pas un. La mutilation qui l'exclut de l'univers des hommes n'en fait pas pour autant une femme; elle n'en fait pas non plus un eunuque, un homme moins les attributs d'un homme, puisqu'il la transforme en un accomplissement Sans vouloir lui prêter une conscience contemporaine "queer", on peut dire qu'il se réapproprie constamment son corps, construit sa propre vie et son désir en dehors des implications de sa première identité de genre, comme en dehors du marquage politique par lequel on a voulu en faire un castrat.



    Et ce sont des catégories sociales entières qui, à l'instar de Dalal, creusent des trous dans l'ordre bipolaire. La réalité des intersexuels s'imposera aux docteurs de la Loi qui devront traiter du statut juridique des hermaphrodites qualifiés de "problématiques" ou "indéterminés" (khuntha: mushkil) Ils décréteront que ces personnes ne sont pas aptes au mariage, qu'elles héritent de la moitié de la part successorale de la femme et de la moitié de celle d'un homme. (Ibn Juzay, 339) La rémanence du sexuel chez les eunuques est une autre source de désordre générique et statutaire. Rien n'empêche ces serviteurs, préposés surtout à la garde des femmes, d'avoir une vie érotique très active (Jahidh1, I, 123 sqq). Ils sont mêmes plutôt appréciés car ce sont des partenaires dont "l'érection est rapide et l'éjaculation lente à venir", et avec lesquels les risques de conception sont nuls. En témoigne le prologue des Mille et une nuit, où le Sultan, horrifié, découvre le commerce sexuel de son épouse avec son eunuque noir. Les juristes discuteront de leur aptitude à diriger la prière, mais ils admettront qu'ils peuvent prendre des épouses.



    Ce n'est pas le terme "mukhannath", relativement neutre ou teinté d'humour, qui est utilisé par le Coran pour qualifier l'homosexualité masculine, mais celui de liwa:t, dénominatif provenant de Lu:t, traduction du prophète biblique Loth. Dans plusieurs versets (VII, 79-91; XXVII, 54-55; XXVI,165), le Coran dénonce ce vice et rappelle le châtiment que Dieu a infligé au peuple de Loth pour s'y être adonné. Se référant au verset VI,15 où il est dit : "A l'encontre de celles de vos femmes qui commettent la Turpitude, requérez témoignage de quatre d'entre vous! Si ceux-ci témoignent (de la chose), retenez (ces femmes)dans (vos) demeures jusqu'à ce que la mort les rappelle (au Seigneur) ou qu'Allah leur donne un moyen" (BlachèreII, 928), certains exégètes ont donné le sens de saphisme au terme "turpitude" (fa:hicha) et non le sens d'adultère ou de fornication. On en a déduit que les lesbiennes étaient justiciables de l'assignation à résidence jusqu'à la mort.



    Il semble pourtant que ces orientations sexuelles étaient relativement ouvertes et largement tolérées. De même que l'interdiction du vin n'a pas empêché qu'on en boive et qu'on le célèbre dans la poésie, l'interdiction de l'homosexualité n'a pas empêché ces amours illicites et leur glorification. On n'attendait pas le Paradis pour savourer l'amour des éphèbes. Des rois tel l'Aghlabide Ibrahim II et des Califes abbassides tels al-Amin et al-Mu'tasim s'entouraient de mignons. Des "garçonnes" (ghulamiyyat), jeunes femmes esclaves travesties en éphèbes, revêtues d'habits masculins, répandaient des phantasmes d'ambiguité dans les cours califales et les salons. On peut parler d'un véritable tournant esthétique et érotique dans la culture arabe qui, dès le VIIIe siècle, porte à la célébration de l'homosexualié et des amours homo-sexuelles. Un genre poétique est désormais consacré à l'amour des éphèbes. Des poètes comme Abu Nuas faisaient l'éloge de l'impudeur, chantaient le vin, l'adultère et l'homosexualité, tout en jouissant d'une large célebrité auprès de la noblesse comme du petit peuple. Dans l'une de ses épîtres, Al-Jahiz (m.869) met en scène un débat entre un amateur des femmes et un amateur d'éphèbes. Ce dernier présente l'amour des femmes comme une marque de bédouinité, c'est-à-dire de rusticité et d'austérité, tandis que les plaisirs raffinés que procurent les éphèbes supposent un haut degré de civilisation. (2, II, 116) Aux fameuses légendes d'amour courtois hétérosexuel s'ajoutent des histoires d'amour homosexuelles non moins prisées et pourvoyeuses de figures idéalisées auxquelles on pouvait s'identifier. Qu’on se rapporte simplement au bibliographe Ibn Nadim (m.1047), pour voir le nombre de titres de romans d'amour où apparaissent alternativement des noms féminins et masculins; ou bien au Collier de la Colombe de l'Andalou Ibn Hazm (m.1064) pour découvrir les biographies des amoureux qui, tel le poète et grammairien Ahmed ibn Kulayb, sont morts de chagrin pour un homme sans que leurs amours ne suscitent mépris et condamnation. L'homosexualité passive ne semble pas avoir inspiré le même dégoût que chez les Romains, et c'est en employant les mots "amant" ('a:shiq) et "aimé" (ma'shu:q), termes vagues et sans connotations sexuelles précises qu'on désignait, du moins dans les biographies des amants, les deux partenaires homosexuels. Toutes sortes de pratiques érotiques paraphiliques entraînant un désordre sexuel et statutaire (telles celles où le maître est sodomisé par ses esclaves mâles (Tifachi, 202)), trouvaient leur place dans des traités d'érotologie aussi étalés dans le temps que "Kita:b al-sahha:qat" (Livre des lesbiennes) de Saymari (IXe siècle), Nuzhat al-alba:b (Agrément des esprits) de Tifachi (XIIIe siècle), Al-Raoudh al-'a:tir (le Jardin Parfumé) de Nefzaoui (XVIe siècle)…



    Le Coran reste muet sur le châtiment prévu pour l'homosexualité masculine. Les premiers califes ont, semble-t-il, appliqué la peine capitale la plus implacable : les homosexuels étaient ensevelis sous les décombres, lapidés ou précipités du haut d'un minaret. Les Hanbalites, qui sont les juristes les plus sévères, ont opté pour la mise à mort par lapidation ; la majorité des autres docteurs ont opté pour la flagellation avec ou sans bannissement, suivant que le coupable de condition libre est marié (muhsan), ou ne l'est pas. Mais comme l'homosexualité n'aboutit ni à la conception ni "au mélange des généalogies", les sentences ont évolué vers une peine discrétionnaire peu sévère décidée par le juge. Pour Ibn Hazm, qui était aussi juriste, le nombre de coups dont est passible un homosexuel peut être réduit à 10 (Muhalla XI, 390) De plus, comme pour l'adultère, la preuve du délit est difficile à administrer, puisque la loi exige la présence de quatre témoins oculaires et irrécusables, ce qui rend la sanction quasiment inapplicable. On s'explique mieux le caractère parfois arbitraire et violent du châtiment, comme dans l'histoire de Dalal : les autorités politiques décident de rétablir l'ordre, et de mener des campagnes d'assainissement moral qui n'entraînent pas, nécessairement, l'application de règles juridiques précises.



    Mais ni les châtiments arbitraires, ni les sanctions des différentes écoles juridiques, ni le moralisme des sermonnaires et des Hanbalites n'ont eu raison de l'immoralité publique et de la culture du troisième genre et du hors genre. Les Musulmans des premiers siècles de l'Hégire ont ainsi pu inventer de larges zones de tolérance entre Loi et désir, profitant, comme disent les poètes, des moments où les censeurs et les gardiens du sacré sommeillaient. Dieu malgré tout, est clément et miséricordieux, le péché est l'amorce du repentir, le repentir l'envers du péché. On a pu émasculer Dalal, mais non éteindre ses sarcasmes et ses chants.



    L'effroi moderne

    La morale sexuelle des Arabes modernes s'est progressivement assombrie avec l'adoption des mécanismes disciplinaires et des modes d'assujettissement élaborés par l'Etat occidental moderne, ainsi qu'avec les vagues déferlantes d'"éveil islamique". La naissance du mouvement wahhabite rigoriste en Arabie Saoudite au XVIIIe siècle et la fondation, dans les années vingt du siècle précédent, du mouvement égyptien des "Frères musulmans" sont les épisodes les plus marquants de cet "éveil" qui se traduit notamment par le refus de la sécularisation de l'espace social et par la fiction d'une pureté et d'une homogénéité originelles. Aussi les prohibitions imposées par une certaine modernité occidentale, à l'encontre de l'homosexualité notamment, ont-ils confortés les interdits du droit musulman. Le joyeux brouillage des genres des Anciens a fait place à l'horreur et à la fureur sacrales.



    La morale moderne a notamment suscité le raffermissement de la bi-polarité sexuelle, l'occultation des ambiguités sexuelles dues à des déficiences biologiques (intersexualité) et le refus de la transsexualité. Alors que les anciens juges absolvaient l'hermaphrodite et tentaient de lui accorder un statut légal, les modernes confondent tout. En témoigne l'histoire de Samia, une intersexuée tunisienne à qui on a attribué le nom masculin de "Sami" et l'identité d'un homme, mais qui a eu recours à la chirurgie pour mettre un terme à son ambiguïté biologique. Les magistrats, par un arrêt de la cour d'appel de Tunis, daté du 22 Décembre 1993, ont rejeté la requête introduite par Samia pour changer d'état civil. Ayant argué que le Droit positif ne se prononce pas sur la question, et rejeté la jurisprudence française qui accorde depuis 1992 la liberté de changer son sexe, le juge a décidé de s'en remettre au droit musulman, qui n'a pourtant jamais statué sur un cas de transsexualisme. Au lieu d'assimiler Sami(a) à un hermaphrodite, on l'a assimilée à un homosexuel, à un déviant qui "a modifié d'une façon arbitraire et délibérée son sexe", transgressé l'ordre sacré, soit l'ordre de la nature institué par Dieu. On a fait valoir le verset : "Dieu sait ce que porte chaque femelle et la durée de la gestation. Toute chose est mesurée par lui" (XIII, 8). On a repris également un hadith du prophète : "Dieu maudit les hommes qui veulent ressembler aux femmes et les femmes qui veulent ressembler aux hommes." (Rdissi, Abid)



    L'homosexualité est aujourd'hui frappée d'illégalité dans bien des pays arabes, passible de peine capitale en Arabie Saoudite, au Soudan, au Yemen et en Mauritanie, de 14 ans de prison aux Emirats arabes unis, 7 ans en Libye et 3 ans au Maroc.
    Dans les pays où elle n'est pas explicitement interdite par la loi, on n'épargne aux "fils de Loth" ni les arrestations ni les brimades. Rappelons, à titre d'illustration, l'affaire des 52 hommes égyptiens accusés d'homosexualité et arrêtés dans une boite de nuit le 11 mai 2001. Inculpés pour « violation des enseignements de la religion et propagation d'idées dépravées et d'immoralité sexuelle », ils ont comparu devant la Cour de sûreté de l'Etat et 23 d'entre eux ont été condamnées à des peines de prison avec travaux forcés allant de trois à cinq ans, sans possibilité de faire appel. Déchaînée, la presse cairote a affirmé que ces "pervers" étaient des "adorateurs de Satan" qui "entretien-nent des rapports avec des mouvements sionistes, organisent des pélerinages gays en Israël et se livrent à des orgies homosexuelles." (Kéfi, 66) Tout en se réclamant de la Shari'a, ils ont ignoré les opinions plus clémentes des anciens juristes, oublié la condition traditionnellement exigée pour l'administration de la preuve du délit, à savoir la présence de quatre témoins oculaires au moment de l'accomplissement de l'acte sexuel. Comme dans l'affaire de Samia, on constate un même effacement des subtilités juridiques du passé, effacement non compensé par une référence nouvelle aux droits de l'homme. Face au délire de rejet et de diabolisation, les autorités égyptiennes, ont préféré donner des gages aux activistes islamistes. Quant aux associations égyptiennes des Droits de l'homme, elles ont gardé le silence ou pris leurs distances à l'égard des inculpés .



    Comme dans la littérature néo-fondamentaliste, on parle désormais de "pervertis" ou "déviants" sexuels (shawa:dh). Alors que les Anciens situaient l'homosexualité dans la nature et l'anatomie, évoquaient l'homosexualité animale (Jahidh, III/204) considéraient le saphisme comme "une envie naturelle", et attribuaient l'homosexualité à des anomalies biologiques telles que la carence en chaleur chez les hommes, l'atrophie de l'utérus (Tifachi, 170) ou la proéminence du clitoris chez les femmes (Avicenne1, II, 1691), les Modernes, eux, considèrent l'homosexualité comme un vice contre-nature dont même les animaux sont exempts. (Jaziri V, 211) Et ce n'est pas la pathologie psychiatrique ou psychanalytique qui est invoquée dans cette "dé-naturalisation" de l'homosexualité, mais une démonologie, jointe à un imaginaire identitaire de la Umma dont la purification appelle l'éradication de l'Autre et de ceux qui entretiennent des rapports avec lui : l'homosexuel tiendrait commerce avec le Diable ; il est le représentant des agresseurs occidentaux ou israëliens. Les campagnes menées contre les homosexuels seraient une sorte d'exorcisme politique pratiqué, dans la terreur sacrale, sur le corps imaginaire de la Umma. Et c'est parce que l'angoisse homosexuelle est trop pesante qu'on la projette sur l'autre, c'est parce que cet autre diabolique est extérieur–intérieur, haï-aimé qu'on veut l'extirper en hurlant au sacrifice.



    Il est évident que dans un contexte où sont frappés d'interdit non seulement l'homosexualité mais tous les rapports sexuels extra-conjugaux, où la liberté de disposer de son corps n'est pas encore à l'ordre du jour des associations des droits de l'homme et des mouvements de femmes, on ne peut espérer la formation de mouvements arabes gays-lesbiennes ou plus généralement LGTB (Lesbiennes, gays, transsexuels, bisexuels). Cependant, en terre d'exil, les "queers" arabes commencent à s'organiser dans des associations telles que "Sawasiya (égaux): Pour la défense des droits des homosexuels dans le monde arabe" ou des réseaux tels que "Le collectif de lesbiennes Nord-Africaines et arabes (ou de langues et de culture arabes) appelé "Les N'DéeSses. Ces mouvements post-féministes ont trouvé sur le web un espace de communication et d'expression culturelle multilingue, où des liens se tissent entre queers vivants "en terre d'Islam" et "en terre d'exil". C'est dans ces lieux virtuels que les exclus de l'ordre "bipolaire-hétérosexuel" tentent de briser l'enfermement et d'agir politiquement, tout en se réappropriant le langage et le souvenir de la tradition arabe du hors-genre : on peut lire dans 2002 sehakia.org : "Autant que possible, Sawasiyah va mettre un point d'honneur à s'exprimer en arabe dans ses communications et ses publications, non seulement pour fournir une preuve symbolique que l'homosexualité fait partie de notre culture, et n'est pas qu'un "phénomène importé de l'Occident", mais aussi parce qu'il s'agit du moyen le plus efficace d'atteindre ces millions d'homosexuels de langue arabe ainsi que les gens qui les soutiennent, et de les encourager dans leur combat incessant pour la liberté et l'égalité."



    La séduction-sédution (fitna)

    Il existe en arabe un verbe pour signifier "enterrer quelqu'un vivant" (wa'ada). Les femmes dans le monde arabo-musulman n'ont pas été brûlées, comme les sorcières en Europe, et le Coran a aboli une pratique préislamique qui consistait à enterrer les filles vivantes à la naissance. Mais il y a tout lieu de penser que, réel ou symbolique, l'enterrement guette toujours les femmes, soupçonnées non pas exactement de sorcellerie, mais de "séduction-sédition" (fitna), entendons : ce qui détourne de Dieu, et qui rend l'homme imperméable à ses signes. C'est ce qui, en même temps apparente la femme au démon qui, d'ailleurs, s'appelle "fatta:n" et qui "égare les hommes et les berne de désirs".



    Dans la constellation de récits qui forment l'histoire de Dalal, nous relevons deux anecdotes mêlant le sort du libertin à celui des femmes, et où chacun a son lot de répression. On raconte que Dalal fréquentait deux femmes de la haute société omeyyade dont l'une était la nièce du gouverneur de Médine, le fameux Marwan ibn al-Hakam (m.685). Ces deux femmes réputées "des plus dévergondées, montaient à cheval et se livraient à une course telle qu'elles découvraient les chaînettes qui ornaient leurs chevilles". Le Calife Muawiya demanda au gouverneur de châtier sa nièce. "Celui-ci invita la jeune femme chez lui, ordonna qu'on creuse un puits sur le chemin qu'elle avait l'habitude d'emprunter et le fit recouvrir de paille. La jeune fille y tomba et le puit lui servit de tombe. On fit chercher Dalal, mais il s'enfuit à la Mecque".



    La deuxième anecdote a trait au comportement de Dalal lors de la prière. "L'efféminé Dalal, priait à mes côtés à la mosquée. Il péta si fort que tous les fidèles présents alentour l'entendirent. Nous relevâmes aussitôt la tête tandis qu'il se prosternait toujours, prononçant ces mots à voix haute : Gloire à Toi, par ma tête et par mon postérieur! Tout le monde dans la mosquée fut séduit et les rires qui fusèrent interrompirent les prières". Dans les deux récits, s'articulent, à travers la question de la séduction, la gestion du sacré et la politique identitaire des genres. Le corps émerge pleinement dans son étrangeté, et déborde sur la scène sociale ou socio-religieuse : ainsi le pet de Dalal au milieu de l'assistance en prière, sa présence en tant que mukhannath dans les rangs des fidèles, les chaînettes ornant les chevilles des jeunes cavalières qui vivent leur féminité comme bon leur semble, en outrepassant la division de l'espace social entre espace privé-fermé et espace public-ouvert. Dans les deux cas, il y a "séduction-sédition", terme curieusement attribué dans le récit du pet à Dalal. Entre l'homme et Dieu, s'interposent des écrans : une femme ou un hors-genre. Mais tandis que la séduction-sédition de Dalal déchaîne les rires, celle des femmes déchaîne une violence punitive. La femme, "monstre pullulant de signes" (Benslama, 61), est donc l'écran le plus opaque sur lequel on doit dresser un "écran" qui "interdit" et "sépare", significations auxquelles renvoie le terme hija:b : voile. Ce voile-écran serait une étoffe, une porte fermée ou une tombe et c'est ce que dit à peu près un hadith du Prophète : "mieux vaut pour la femme un mari ou une tombe".(Ibn al-Jawzi, 133). On est plus prompt à sévir contre la frivolité des femmes que contre l'indécence d'un homosexuel, plus prompt à réprimer ceux qui troublent l'ordre des genres que ceux qui mêlent le sacré au profane. Plus précisément, la ligne de démarcation qui partage les femmes et les hommes nous semble plus nettement déterminée que celle qui partage les genres et les hors-genre, le sacré et le profane, la prière et le rire qui rompt la prière. Dalal, on l'a vu, a franchi toutes ces lignes, mais les dangers qui le guettent s'accroissent du fait de sa fréquentation de ces femmes, qu'il peut être accusé d'avoir débauchées. Dans la répression ayant trait à la politique des genres, certains sont donc plus opprimés que d'autres, certains sont plus séducteurs-séditieux que d'autres. Dalal a survécu à son châtiment et résisté à l'oppression, alors que le sort de la jeune cavalière illustre bien celui de "l'enterrée vivante" (maw'uda) : son corps, son souvenir et sa parole seront ensevelis.



    Mais plus profondément, Dalal a subi le châtiment d'un gouverneur, alors que le meurtrier de la jeune femme cumulait les fonctions de gouverneur et d'oncle faisant figure de père. Celui-ci agissait, simultanément, en protecteur de l'ordre moral de la Cité et de l'honneur de la tribu. Une indifférenciation politique serait-elle à l'oeuvre dans l'oppression et la discrimination des femmes, l'oppression des femmes serait-elle à l'origine de la légitimation de la violence? "L'ordre des ordres" s'organisait-t-il autour de la réclusion des femmes? Comment ne pas voir les chevilles et les chainettes de la cavalière miroiter dans ce verset : "Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d'être chastes, de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu'elles rabattent leurs voiles sur leurs gorges!...que [les Croyantes] ne frappent point [le sol] de leurs pieds pour montrer les atours qu'elles cachent!..." (XXIV, 31, Blachère : II,1009-10)?



    Je ferai un saut dans le temps pour rappeller un événement qui me parait comparable au récit de la jeune cavalière. Le 6 Novembre 1990, un groupe de 47 femmes saoudiennes ont pris le volant de leurs voitures, en signe de manifestation contre l'interdiction qui leur est faite de conduire. Elles ont traversé l'avenue du roi Abdel Aziz, à Riad, et refusé l'intervention des gardiens religieux des mœurs. Les forces de l'ordre n'ont pas tardé à les arrêter pendant onze heures; et elles les ont obligées à signer un engagement selon lequel elles ne récidiveraient pas, sous peine d'en supporter les conséquences. On a également obligé leurs pères et leurs époux à signer un engagement semblable. Suite à cette manifestation, le Ministère de l'Intérieur a officialisé l'interdiction, conformément à une fatwa prononcée par le Cheikh Ibn Baz, autorité religieuse suprême du pays, et par d'autres grands ulémas. L'argument essentiel est ici inspiré de la technique juridique consistant à interdire le licite qui peut mener à l'illicite ("sadd adh-dhara:'i'), l'adultère étant, selon chez ces cheikhs, l'issue fatale de la libre circulation des femmes en ville. Puis les manifestantes, parmi lesquelles on comptait des universitaires, des journalistes et des fonctionnaires, ont été licenciées. Les fatwas et les déclarations dénonçant ces "scélérates qui montrent leurs atours" se sont multipliées. Les langues qui s'étaient tues face au débarquement des troupes américaines en Arabie Saoudite se sont déliées pour maudire 47 femmes, considérées comme une menace pour l'Islam et pour l'ordre social, dans un délire de rejet comparable à celui suscité par les 52 égyptiens accusés d'homosexualité.



    D'un siècle à l'autre, le véhicule a changé, mais il s'est agi cette fois d'un geste collectif, politique et délibéré, embryon d'un mouvement féministe qu'on a voulu faire avorter. Les arguments jetant l'interdit sur les corps féminins et sur la circulation, sont restés les mêmes. Le même verset XXIV, 31 qui a prévu le châtiment de la cavalière servira, quatorze siècle plus tard, d'argument d'autorité "sacrée" pour la condamnation des manifestantes saoudiennes, toujours réduites à des femelles qui se pavanent et montrent leurs atours. De quelles montages originaires procède donc cet ordre des ordres qui commande encore le présent des femmes et des hommes arabes? Par quels moyens s'est édifié l'infaillibilité et la transhistoricité de ce qu'on appelle actuellement "la Shari'a"?
    Coiffant les aspirations les plus viles, flattant les pulsions les plus archaïques, encourageant la paresse intellectuelle, l'intolérance, l' hypocrisie, la violence, prêchant un virilisme pathologique, justifiant les pires ignominies antiféministes, l'islam n'est ni une sagesse , ni une civilisation (mode de vie), c'est un fléau.
    Gérard Zwang


    « L'islam retournera en Europe en conquérant et en vainqueur, après en avoir été expulsé deux fois... Je soutiens que cette fois la conquête ne se fera pas par l’épée mais par la prédication et l'idéologie. »
    Youssouf Qaradawi

    لا ميثاق لا دستور قال الله قال الرسول‎

    L’Europe, deux fois misérable, a combattu l'Orient lorsqu'il représentait une chance de splendeur.
    Elle lui cherche aujourd'hui des raisons profondes alors qu'il donne le spectacle de la dégénérescence la plus sordide

    Georges Henein

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